La 12e édition du congrès « Historical Materialism » se tenait à Londres du 5 au 8 novembre dernier, réunissant plus de 700 chercheurEs et militantEs du monde entier.
L’intitulé de cette édition1 faisait référence à la célèbre citation de Gramsci : « La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés. » Les attaques terroristes qui viennent d’avoir lieu à Beyrouth puis à Paris ont rappelé, de la manière la plus épouvantable, l’actualité d’un tel constat. Cela sans parler de la montée de l’extrême droite dans de nombreux pays d’Europe, en premier lieu en France, qui traduit également la situation de pourrissement politique que connaissent les sociétés capitalistes, à des degrés inégaux et sous des formes différentes.
Comment décrire ce monde que nous voulons changer et expliquer les mécanismes qui rendent si difficile une telle transformation ? Le marxisme propose un cadre théorique pour penser une grande multiplicité de phénomènes sociaux, économiques, politiques et culturels, et pour agir dans le sens d’une transformation radicale des sociétés. Historical Materialism a pour fonction de discuter ce cadre, de le mettre à l’épreuve et de l’enrichir de travaux et de problématiques parfois issus d’autres courants intellectuels et politiques. Ce projet a bénéficié d’un indéniable regain d’intérêt pour le marxisme depuis une vingtaine d’années à l’échelle internationale, mais il l’a également encouragé en proposant un espace de discussion à des chercheurs souvent dispersés, et en travaillant à recréer des liens entre militants anticapitalistes et universitaires inscrivant leurs travaux dans le marxisme.
Du classique au renouveau
Le programme, extrêmement riche comme pour chaque édition, faisait une place importante à des figures centrales du marxisme (notamment cette année Rosa Luxemburg) et à des questions classiques : impérialisme, classe ouvrière et syndicalisme, réformisme et révolution, reproduction sociale, rôle de la monnaie, capitalisme et culture, etc. Mais il comportait également une importante attention aux rapports entre capitalisme et question sociale, plusieurs ateliers consacrés à l’oppression des femmes, mais aussi à la question écologique, à la sexualité, etc. À cela s’ajoute la volonté d’être en prise avec la conjoncture, soit sous la forme d’ateliers consacrés à la situation particulière d’un pays (Égypte, Brésil, Portugal…), soit sous des formes plus transversales.
Si plusieurs militantEs du NPA étaient présents cette année à Londres, notre organisation reste trop étrangère à ces renouveaux du marxisme, alors même que, depuis une quinzaine d’années, un incontestable effort de traduction a permis de mettre à disposition certains des travaux les plus marquants. Dans une période qui nous impose des questions difficiles et nombreuses, il est crucial que nous participions à ce travail collectif d’enrichissement du marxisme.
Ugo Palheta
- 1. « The old is dying and the new cannot be born : states, strategies, socialisms »