Publié le Jeudi 3 mars 2022 à 12h00.

19 mars, contre le nationalisme et le racisme, « l’heure de nous-mêmes »

« Plus jamais ça ! » avaient dit nos anciens à la sortie de la Seconde guerre mondiale. Plus jamais la guerre, le nationalisme, le fascisme. Plus jamais la bombe atomique. Mais les monstres sont revenus, ils ne sont plus tapis dans lombre, ils sont là. Et ils marchent ensemble comme les cavaliers de lApocalypse.

 

Les réponses actuelles à la guerre en Ukraine ce sont les chants du clairon, la dynamique de réarmement général, les appels à l’unité nationale. En résumé l’accélération vertigineuse des dynamiques… qui ont conduit à la guerre. On peut ergoter doctement sur les contorsions de l’extrême droite. Mais tout comme on ne joue pas impunément avec l’idée de dissuasion nucléaire sans se retrouver un jour avec la menace de l’utilisation de l’arme atomique, on ne joue pas impunément avec le nationalisme guerrier sans favoriser à terme les forces qui l’incarnent le mieux.

Faire face à la menace

Alors nous ne devrions plus en être aux débats sur les dangers. Les cavaliers de l’Apocalypse avancent ensemble. Vous pensiez que qu’on pouvait laisser frapper des frères et sœurs de classe, arabes, noirs, musulmans sans riposter directement ? Que c’était une diversion ? Voilà qu’aujourd’hui les mêmes racistes frappent aussi les militantEs de gauche, les syndicalistes. La semaine dernière, à Rennes des proches de Zemmour ont agressé des militantEs de Lutte ouvrière tractant devant un lycée. La même journée des militants de l’Action française ont attaqué une réunion contre le fascisme à l’université. Quelques jours plus tard des fascistes ont attaqué une réunion, sur le même thème, à la Maison des syndicats de Strasbourg.

Lors de la réunion publique organisée à Paris par Visa (réseau syndicaliste contre le fascisme) et Acrimed le 12 février (sur les médias et l’extrême droite) nous l’avons dit en présentant la Campagne Antiracisme et Solidarité. Un choix pour l’avenir se pose. Mais il ne peut se poser que concrètement. Pas seulement dans les discours mais surtout dans l’activité pratique. Pas marginalement mais dans la construction d’une riposte collective.

Comme le 6 février 1934 quand les Ligues fascistes avaient menacé le parlement. Le 12 février, des centaines de milliers avaient manifesté dans 346 villes en France lors d’une journée de grève générale contre le fascisme, le nationalisme et pour la défense des libertés. Cette riposte, ce sursaut, ont créé la dynamique conduisant deux ans plus tard au Front populaire et surtout aux grèves de juin 1936. Ce que l’on fit alors des possibilités ouvertes est une question bien sûr cruciale. Mais l’important est qu’alors, comme en Espagne, une autre voie s’ouvrait qui aurait pu sans doute éviter les pires drames du vingtième siècle.

« Notre pays sappelle Solidarité »

« Notre pays n’a ni carte, ni limites. Il ne fait pas la guerre si ce n’est au fascisme, au colonialisme, au racisme, à l’injustice et aux inégalités. » dit l’appel « Notre pays s’appelle Solidarité ». Lancée le 18 décembre, la Campagne Antiracisme et Solidarité regroupe aujourd’hui près de 400 organisations signataires, locales et nationales, collectifs de sans-papiers, de familles de victimes des violences policières, associations, réseaux de solidarité, collectifs féministes, syndicats, ONG… Là où des initiatives ont été prises le pari de la campagne s’est révélé juste : une autre réalité existe, une autre voie est possible. A Toulouse un tournoi de foot sur les thèmes de la campagne et en soutien aux hijabeuses a réuni des équipes de quartiers, de sans-papiers, de groupes féministes et aussi une équipe de révolutionnaires soudanais.

Le 19 mars prochain des manifestations sont prévues dans le monde entier, contre le racisme et le fascisme, du Brésil à l’Afrique du Sud, des États-Unis à l’Australie et dans la plupart des pays européens. Cet appel prend un nouvel écho avec la guerre. Pas une autre question, LA question. Pas un autre front, LA réponse.

En France une manifestation nationale est appelée conjointement par la campagne Antiracisme et Solidarité et le Réseau d’entraide vérité et justice. Laisser le monde aux Macron et Pécresse derrière lesquels grandissent les Le Pen et Zemmour, c’est le laisser aller à la catastrophe. Et nous ne parlons pas là d’élections.

Le 19 mars, une étape

La journée du 19 mars n’est ni le début ni la fin de l’histoire. Mais elle peut marquer un tournant. L’affirmation, la démonstration qu’il existe une autre voie que celle du nationalisme, de la guerre et du fascisme.

Certaines villes ont déjà décidé d’affréter des cars pour monter à Paris. Ce vendredi 4 mars une manifestation des collectifs de sans-papiers partira de la place de la Nation pour aller vers le ministère de l’Intérieur en soutien aux piquets de grève de sans-papiers qui se battent depuis des mois avec le soutien de Solidaires. Dans le 18e arrondissement a lieu ce dimanche 6 mars une déambulation féministe et antiraciste rassemblant CGT, CNT, collectif interpro 18e en lutte, le collectif Nous toutes et la CSP 75 pour appeler au 8 mars et au 19 mars. À Montreuil une déambulation de mobilisation est prévue de foyer en foyer. Le matin du 19 mars un rassemblement aura lieu devant la marie de Montreuil en soutien aux « 5 de Montpellier » ces camarades sans-papiers réprimés parce qu’ils voulaient manifester contre la France-Afrique. À Rennes un week-end féministe et antiraciste est prévu les 12 et 13 mars.

Comme l’écrivait Brecht, « Tout est perdu… à moins que ». « L’heure de nous-mêmes » disait Césaire. Il ne faut pas laisser passer le 19 mars. Ne pas laisser passer l’heure de nous-mêmes. L’heure du « à moins que… ».

Appel, signataires, visuels, agenda de la Campagne Antiracisme et Solidarité : https://antiracisme-solidarite.org