Début juillet, ça semblait un pari un peu fou. Mais la détermination des sans-papiers et la dynamique enclenchée par les manifestations du 30 mai et du 20 juin ont commencé à déplacer des montagnes.
À partir du 19 septembre, des marches de sans-papiers partiront de Marseille et Montpellier, puis de Grenoble, Lille, Le Havre, Rennes et Strasbourg, passant ainsi par des dizaines de villes pour converger vers Paris. Ces marches seront accueillies, à partir du 15 octobre, par des collectifs de sans-papiers à Montreuil, Vitry, Saint-Denis, Nanterre et se réuniront pour une manifestation nationale vers l’Élysée le samedi 17 octobre. La mobilisation des sans-papiers s’articulera alors avec l’hommage aux AlgérienEs massacrés par la police française en 1961 et avec les rassemblements pour la journée de lutte contre la misère et la précarité.
Rapport de forces
Une vingtaine de collectifs de sans-papiers est déjà activement impliquée, anciens et nouveaux, de Paris mais aussi Marseille, Rouen, Lille, Strasbourg ou Grenoble. Des sans-papiers de ces villes mais aussi de Lyon, Amiens, Rennes et d’ailleurs, vont marcher renforcés dès le départ des différentes villes par au moins une centaine de sans-papiers venus de la région parisienne ainsi que par des soutiens.
La marche, appuyée par la Marche des Solidarités et les États généraux des migrations, est désormais soutenue par près de 200 structures militantes, réseaux locaux de solidarité, collectifs, sections syndicales locales, associations, ainsi que par des organisations nationales dont des syndicats (CGT, CNT, FSU, Solidaires…) et des associations (Cimade, Fasti, FUIQP, Gisti, DAL, ATMF, MRAP…).
Si la première phase du pari est gagnée, l’existence de la marche, il reste désormais à en faire un événement historique, faire qu’elle dépasse les réseaux déjà impliqués, que la vague entraîne avec elle le mouvement social et, avec lui, une partie de « l’opinion ».
Car l’enjeu n’est pas seulement de « faire l’événement » mais que cet événement construise un rapport de forces qui permette de gagner sur les revendications des marcheurs et marcheuses et en premier lieu la régularisation de toutes et tous les sans-papiers, la fermeture des centres de rétention et le logement pour touTEs.
Construire activement le soutien à la marche
Ces revendications, si elles sont d’abord vitales pour les conditions de vie de touTEs les migrantEs, sont un enjeu pour l’évolution de l’ensemble de la société. Cela peut se résumer en un argument central : celui de l’égalité. Justifier aujourd’hui l’inégalité des droits (au travail, pour le logement, la santé, l’école…) pour une fraction de la population, c’est se condamner, au prétexte du manque de moyens, à accepter demain des reculs pour d’autres parties de la population. Justifier aujourd’hui l’inégalité au prétexte de la nationalité c’est se condamner à voir prospérer le racisme.
Alors il faut construire activement le soutien à la marche, dans chaque ville où elle passe, à l’occasion de son passage, mais aussi dans d’autres (des projets de manifestations se mettent en place durant octobre dans des villes où la marche ne passera pas) et commencer à organiser la montée vers Paris pour la manifestation du 17 octobre.
À l’heure où Macron célèbre la IIIe République qui fut aussi la République coloniale, on n’implore pas du bout des lèvres, on ne demande pas un cadeau, on veut simplement obtenir justice et égalité, gagner ce qui devrait être évident. La marche doit devenir vague puis marée. Notre avenir à toutes et tous en dépend.