Pour la première fois en France et en Europe, le 1er Mars était une journée sans nous, à savoir sans immigrés. Nous devions marquer notre apport économique, social et culturel par notre abstinence au travail et à toute consommation durant 24 heures. Mais, sans préavis de grève, autre que «24 heures sans nous», la mobilisation pouvait s’avérer difficile.
En France, l’initiative a été lancée, par le collectif Journée Sans immigré, qui se veut apolitique suite aux propos de Hortefeux, Morano, Freche et Valls. De droite, comme de gauche, la stigmatisation de l’autre, perçu comme une menace, un danger a motivé cette initiative. Au sein même des partis politiques, comme des entreprises publiques, les collectivités locales, le plafond de verre existe. Les attaques en règle contre des candidats aux prochaines élections, en raison de leur origine ou de leur croyance et qui, aux dires de certains, porteront éternellement leur carte séjour sur le front prouvent qu’aujourd’hui encore, il reste nécessaire de rappeler quelques valeurs pourtant fièrement arborées sur tous les édifices publics. Des rassemblements avaient donc lieu devant les Mairies.
A Paris, 2.500 personnes ont répondu à l’appel. Le gros des troupes étaient assurée par les travailleurs sans papiers sur qui repose l’économie de la restauration, du BTP, mais aussi des services à la personne. Malgré le refus «d’instrumentalisation politique de l’immigration» des élus, peu nombreux mais «visibles» ont affiché, sinon leur origine, du moins leur soutien à cette initiative. Ceci doit nous encourager à pérenniser cette journée à l’instar de Marseille, ou la manifestation, bien suivie, était à l’appel de plusieurs syndicats ayant déposé un préavis de grève, d’associations, et de citoyens.
Tout comme en Italie ou «Sans nous, l’Italie s’arrête», a regroupé quelques 300.000 manifestants dans soixante villes. Il est vrai que l’immigration y est stigmatisée aux travers de lois répressives mais aussi de milices «citoyennes» anti-roms, de ratonnades encouragées par la Ligue Lombarde, et celle du Nord mais également par l’interdiction dans certaines ville de pratiquer l’islam. On constate déjà les effets de la mobilisation par la paralysie du secteur tertiaire.
Le NPA et la gauche anticapitaliste européenne ont soutenu et participé à chaque initiative par la présence massive de militants aux rassemblements. Certes, le patronat n’a pas tremblé à la perspective d’un affaiblissement de ses profits boursiers. Mais l’idée que l’immigré n’est pas le responsable de la crise sociale, qu’il peut à travers des mouvements sociaux jeter un pavé dans la marre du CAC 40, est assez réjouissante pour l’ensemble de la classe ouvrière.
Même si l’AJSI ne souhaitait pas faire le rapprochement avec la semaine anticoloniale et la manifestation pour la suppression du Ministère de l’Immigration, de l’Identité Nationale et de la coopération, les faits sont là. Pour construire l’Europe capitaliste, le patronat a besoin de créer l’insécurité sociale en exploitant les immigrés et les désignant comme bouc-émissaire contre les travailleurs européens.
Ils nous font le coup àchaque crise économique. La stigmatisation des minarets, burqas, et exaltation d’une identité nationale européenne figée, nous laisse penser que de telles «Journées sans immigrés – 24 heures sans nous» ne sont pas vaines et qu’elleS ont quelques belles années devant elles.
Il ne tient qu’à nous, NPA mais aussi toutes les forces anticapitalistes de nous emparer de ce moment fort, tous les 1er Mars. Comme le souhaitent nos camarades d’Espagne d’une journée symbolique nous devons passer à un mouvement de grève générale fédératrice dans toute l’Europe.
Mariam Seri Sibide