« Parce que notre indignation n’est pas sélective, nous n’oublions pas, aux côtés des victimes des attaques de Charlie hebdo et de l’Hyper Cacher, les milliers de migrantEs disparuEs en Méditerranée et ailleurs, les victimes des violences policières dans nos quartiers ainsi que Rémi Fraisse, manifestant tué par la police. Nous n’oublions pas les mortEs de Gaza, de Homs, du Nigeria ou de Kobané et toutes les victimes de la guerre comme nous n’oublions pas les victimes de la violence d’extrême droite. C’est en leur mémoire que nous appelons à descendre massivement dans la rue le 21 mars prochain »...
C’est ainsi que devrait finir le texte d’appel unitaire actuellement en discussion pour des manifestations le 21 mars prochain à l’occasion de la journée mondiale contre le racisme. Ces manifestations sont déjà prévues à Athènes, Barcelone et Londres. Lors d’une rencontre de la Coalition internationale des sans-papiers et migrants (CISPM) à Berlin ce week-end, la date a été reprise et des initiatives devraient aussi voir le jour en Italie et en Allemagne. Cette dimension internationale est importante, alors que François Hollande a utilisé la manifestation du 11 janvier dernier pour faire défiler au premier rang tous les représentantEs de l’impérialisme.
En France, depuis une quinzaine de jours, des réunions se sont tenues, à Paris, à Grenoble, à Toulouse notamment, dans différents cadres, pour discuter de la nécessité d’une riposte à l’offensive raciste, islamophobe et sécuritaire qui a suivi les attentats de début janvier.
Cette mobilisation pour le 21 mars doit servir d’appui pour ces initiatives et de point de convergence. Car il y a urgence à donner une visibilité, dans la rue, à une réponse à la multiplication des actes islamophobes, au durcissement sécuritaire et au climat d’union sacrée développé par le gouvernement pour légitimer sa politique de casse sociale. Et comme le dit le projet d’appel : « nous refusons de nous résigner à la montée de l’extrême droite, qu’elle prenne la forme du Front national, des groupes ouvertement fascistes et agressivement islamophobes ou de courants antisémites ».
Immigration et mouvement ouvrier
Ce n’est pas un hasard si l’initiative a été prise par l’Union nationale des sans-papiers, car ce climat est de mauvais augure pour les migrantEs au moment même où l’Assemblée nationale prépare une nouvelle loi sur l’immigration et le droit d’asile. En quinze jours à peine, une trentaine d’organisations ont déjà répondu à l’appel des sans-papiers : associations (UJFP, ATMF, FUIQP, AFA…), syndicats (Solidaires, CNT…), partis (AL, Ensemble, NPA, PIR, PCF…).
Il s’agit d’abord de faire sauter le couvercle de la peur pour les fractions de notre classe directement visées par le racisme. Cela nécessite la participation des associations de l’immigration et des quartiers, et un travail de mobilisation sur le terrain. Il s’agit aussi d’entraîner les organisations du mouvement ouvrier pour démontrer, dans la rue, que notre unité n’est pas « nationale » ni basée sur une guerre de civilisations ou de religion...
Ce sont ces objectifs que poursuit le NPA. Il n’y a donc pas de temps à perdre pour élargir la mobilisation. Une manifestation est prévue sur Paris qui devrait démarrer symboliquement à Barbès dans le 18e arrondissement. Mais cette journée doit aussi être l’occasion de manifestations dans d’autres villes de France.
Nous avons un mois pour commencer à relever la tête et créer les conditions d’une riposte aux politiques racistes, impérialistes et antisociales mise en place autour de l’union nationale.
Denis Godard