Le 4 juin 2010 s’est tenue une réunion nationale de la campagne antiraciste D’ailleurs nous sommes d’ici. Cette rencontre a tiré un premier bilan, tourné résolument vers l’avenir et le développement du mouvement. En effet, plus de 40 événements ont eu lieu le 28 mai dans toute la France, rassemblant plus de 15 000 personnes autour d’initiatives locales regroupant divers réseaux militants. Ainsi, le potentiel de construction d’un véritable mouvement de société, implanté dans les quartiers, pour combattre toutes les formes de racisme s’est révélé. Face aux attaques racistes qui se multiplient et vont s’accentuer pendant la campagne électorale, D’ailleurs nous sommes d’ici a décidé de réagir à chaque propos ou proposition racistes des candidats ou partis. L’état d’esprit des participants était clair : « on ne laissera rien passer ! »
Le calendrier : 7 juillet, mobilisation contre la convention de l’UMP sur l’immigration ; présence (à imaginer) pendant le Tour de France ; organisation d’un temps fort pour le 50e anniversaire du 17 octobre 1961 ; reprise de la « journée internationale des migrants » du Forum social mondial, le 18 décembre ; organisation d’une quinzaine antiraciste (avec débats, actions, concerts, etc.) début 2012 et préparation d’une grande manifestation plusieurs semaines avant le premier tour des présidentielles.
C’est la convergence de tous les collectifs, associations, syndicats ou organisations politiques qui a fait la force et le dynamisme des mobilisations du 28 mai : RESF, collectifs de sans-papiers, pour le logement, contre les violences policières, Tunisiens migrants de Lampedusa, collectifs antiracistes de différents quartiers, ministère de la Régularisation de tous les sans-papiers, collectif Mamans toutes égales, etc. Cette logique de convergence s’appuyant sur le développement de collectifs locaux et le renforcement des luttes spécifiques a été identifiée comme la stratégie politique qu’il faut renforcer pour ancrer et développer le mouvement.
C’est ainsi que le choix a été fait de soutenir et de participer aux initiatives spécifiques de divers collectifs : manifestation à l’initiative du ministère de la Régularisation de tous les sans-papiers le 2 juillet, rassemblements de soutien aux Tunisiens de Lampedusa, mobilisations contre les violences policières les 11 et 18 juin, initiatives du collectif Mamans toutes égales, etc.
La convergence militante implique le respect de l’autonomie de chacun ainsi que l’indépendance politique du mouvement global. Lié à aucun parti politique, D’ailleurs nous sommes d’ici se finance par la vente de t-shirts et de badges qui rencontrent un franc succès. Ce choix politique a été réaffirmé, étant une condition pour assurer le développement des débats politiques dans la construction d’une unité durable et agissante. Ce choix politique permettra également d’intervenir et d’être présents dans tous les événements politiques ou culturels pour faire connaître la campagne et impliquer toujours plus de gens dans ces actions.
Il a donc été décidé de demander un grand stand à la fête de l’Humanité, afin d’y assurer une visibilité importante et de profiter de cet événement national pour organiser une assemblée générale de rentrée avec tous ceux et toutes celles qui souhaitent s’organiser pour agir contre le racisme. L’égalité dans la prise de parole et la dimension collective de la prise de décision (s’incarnant concrètement dans la forme d’assemblées générales ouvertes à toutes et tous) se sont aussi dégagées comme des marqueurs forts de l’identité militante du collectif. Ce fonctionnement profondément démocratique devra permettre d’atteindre les objectifs politiques fixés, ceux-ci s’appuyant fondamentalement sur l’implication massive de tous ceux qui veulent se battre contre toutes les formes de racisme.
Sarah Benichou