Publié le Dimanche 16 septembre 2012 à 22h02.

Demandeurs d’asile à Brest : la droitisation de la politique du PS en matière d’immigration

Brest n’échappe pas à la règle : l’arrivée de migrants, loin d’être massive comme le voudrait le fantasme du moment, s’est faite plus régulière ces dernières années.Des migrants qui fuient les conditions socio-économiques injustes, générées précisément par le système que défendent les champions de tous bords de la lutte contre l’immigration, sans oublier les risques bien réels pour leur vie en cas de retour dans leurs pays d’origine.Conformément à la directive européenne du 27 janvier 2003, la France est tenue d’assurer aux réfugiés des « conditions d’accueil comprenant le logement, la nourriture et l’habillement, fournis en nature ou sous forme d’allocation financière ou de bons, ainsi qu’une allocation journalière ». En la matière, l’État PS, comme sous la présidence Sarkozy, se défausse et refuse tout simplement de respecter la loi.Face à cette situation, 32 migrants, tous demandeurs d’asile, occupaient le hall de la mairie PS de Brest depuis le 10 août pour protester contre la situation et alerter l’opinion publique afin que leurs droits soient respectés et qu’une solution soit trouvée. Signe d’une inflexion droitière du PS, la mairie PS va se montrer plus qu’intraitable et sans aucune compréhension vis-à-vis de la situation dramatique des migrants.De nombreux militants – notamment du NPA – comme de simples citoyens s’étant ému du sort fait aux familles tchétchènes, kosovares et albanaises, se sont mobilisés à leur côté et n’ont pu que constater le total dénuement et leur extrême précarité.Le maire François Cuillandre leur a clairement signifié sa volonté de ne pas dialoguer, comme il a pu démontrer à la presse qu’elle n’était pas la bienvenue. Après avoir joué le pourrissement, il en est venu à des mesures plus radicales.Le 23 août, l’expulsion de la mairie a été ordonnée par voie d’huissier avec déploiement d’un dispositif policier. À l’exception de trois familles tchétchènes logées de manière très provisoire, seize personnes ont été condamnées à la rue dans la plus complète illégalité, et le plus total mépris des lois et de la simple décence.Plutôt que de passer la nuit à la rue, une solution de repli a été trouvée dans une école désaffectée depuis deux ans de la rue Levot. Dès le lendemain, la mairie, informée de ce déménagement, a dépêché l’huissier à cette nouvelle adresse, ordonnant une nouvelle expulsion effective le 30 août.Qu’à cela ne tienne, les demandeurs d’asile ont occupé une maison individuelle. La réaction de la municipalité a été la même... Désormais c’est le hall du Centre départemental d’action sociale qu’ils occupent… mais pour combien de temps ?Certains Français dorment avec eux depuis le premier jour, d’autres le font de temps en temps quand ils le peuvent. Tout est propre, rangé, le ménage est fait régulièrement. Une vie sociale s’organise. Pour les enfants, une visite a été organisée au parc Océanopolis. Ils sont inscrits dans les écoles pour la rentrée et en sont fiers – petits et grands se retrouvent même parfois devant un tableau pour un cours improvisé de français ou de mathématiques…Ce qui se passe à Brest n’est pas un fait isolé ; la nomination de Valls au ministère de l’Intérieur, les expulsions d’Évry, de Brest… comme les récentes déclarations d’élus socialistes sur l’immigration ou l’intervention possible de l’armée dans les banlieues dénotent bien un nouveau ralliement sur cette question, à la politique menée par la droite depuis des années, et qui n’a fait qu’amplifier et banaliser la poussée du Front national.