Publié le Vendredi 16 mars 2012 à 17h42.

Des civilisations au Halal : la Sarkozie xénophobe

La polémique sur la viande halal, créée de toutes pièces par le FN, est réutilisée par Sarkozy pour toujours plus stigmatiser les musulmans et occulter les vrais problèmes.Qui aurait pensé que la viande s’inviterait dans la campagne ? Sûrement pas nous si ce n’est pour dire que cette denrée protéinée devient des plus rares dans nos assiettes.

Mais Sarkozy et l’UMP courent toujours après le FN et pensent s’en tirer à bon compte en évitant tout bilan de leur politique de casseur social, et ils ont trouvé une nouvelle brèche pour encore et toujours stigmatiser la même population : ces méchants musulmans qui nous imposent leur viande. Sarkozy cherche une fois de plus à escamoter ses responsabilités et sa volonté toujours grandissante de faire payer la crise aux peuples d’Europe. Après avoir dénoncé la polémique lancée par Marine Le Pen comme une n’ayant pas lieu d’être, il la ressert trois semaines plus tard en en faisant « la première préoccupation des Français » !

Cette polémique, rappelle la campagne que le Bloc identitaire avait orchestrée il y a un an autour des fast-foods qui vendaient des burgers uniquement halal. Cette campagne à coup d’actions filmées et diffusées sur internet avait réussi à trouver un écho dans les médias. Dotés de masques de cochon, les militants du Bloc identitaire avaient envahi un Quick halal. Aujourd’hui, c’est Sarkozy qui reprend l’étendard, bien décidé à jouer la surenchère avec Guéant le « civilisateur », quitte à embarrasser une fraction de l’UMP comme Alain Juppé qui a bien du mal à justifier les sorties xénophobes du président.

Tout comme les galettes saucisses à Brest, les restaurants casher rue des Rosiers,, les boucheries halal font partie du décor dans bon nombre de quartiers et de villes. L’UMP, complice de l’extrême droite, orchestre les vieilles formules de stigmatisation d’une population afin de détourner l’attention générale des vrais problèmes. 

Ils veulent parler de viande, alors parlons-en ! Ce n’est pas démagogique de dire que cette dernière devient inaccessible à de plus en plus de personnes, à l’heure où les Restos du cœur et la Banque alimentaire sont à saturation. Le prix de la viande a augmenté de 24 % en dix ans alors que la marge brute des industriels et de la grande distribution a grimpé de 37,5 % sur la même période. Acheté à l’éleveur 2,70 euros, le kilo de viande bovine est revendu 15 euros en moyenne sur les étals des supermarchés. Si les anticapitalistes parlent de viande dans cette campagne et au quotidien, c’est pour dénoncer l’augmentation inquiétante de la malnutrition liée à la précarité, c’est pour dénoncer cette logique implacable qui veut que les salariéEs, les jeunes et les précaires se serrent la ceinture pour engraisser toujours les mêmes. 

Il y a cinq ans, le quinquennat de Nicolas Sarkozy s’ouvrait sur ce qui était appelé alors une droite décomplexée, aujourd’hui tout est là pour montrer que la xénophobie, le racisme, la stigmatisation constituent de fait leurs réponses à la crise. Pour surenchérir dans ce débat répugnant, il devient alors de bon ton de s’afficher avec l’extrême droite comme le fait Nicolas Dupont-Aignan en déclarant qu’il pourrait nommer Marine Le Pen Première ministre. 

Le NPA avec Philippe Poutou continuera de dénoncer toutes formes de nationalisme et de récupération politique des thèses racistes et xénophobes du Front national.

Thibault Blondin