L’attitude provocatrice des policiers lors d’un contrôle d’identité musclé, jeudi 18 juillet, est à l’origine de la colère de plusieurs centaines d’habitants et de jeunes du quartier des Merisiers à Trappes. L’arrestation du mari de la femme contrôlée a mis le feu aux poudres, alors que son seul tort a été de se révolter face aux insultes, menaces et violences que sa femme et sa belle-mère subissaient de la part des policiers. Tandis que deux cents personnes s'étaient rassemblées devant le commissariat pour exiger la libération du mari, un jeune de 14 ans, atteint par un tir de flash-ball, a été grièvement blessé à l’œil.
Face au ressentiment provoqué par le développement du chômage, de la pauvreté, du mal-logement et le désengagement de l’État social qui délabrent les quartiers, le gouvernement Hollande-Ayrault, dans la continuité de ses prédécesseurs, ne trouve qu’une seule réponse : accroître l’État pénal. Contrôles, propos agressifs et souvent racistes, c'est le lot des quartiers populaires, alors que la population et en particulier les jeunes ont besoin de travail, de lieux de réunion, d’un renforcement des services publics. À ces ingrédients s’ajoute un climat pourri par les agressions racistes contre les musulmans, amplifié après les mobilisations réactionnaires contre le mariage pour tous et les effets d’une politique de racisme d’État contre les sans-papiers et les Roms. L’exacerbation de ces tensions, au moment où se déroule le ramadan, ne peut que fabriquer un cocktail explosif, à Trappes comme dans beaucoup d’autres villes.
Ce n’est donc pas un hasard si les seules déclarations de Manuel Valls, surjouant au Père Fouettard, ont été pour défendre inconditionnellement des policiers appliquant avec zèle une loi sarkozyste et pour dénoncer les manifestants. En visite au commissariat ce lundi, il a déclaré que « l’État est bien là et il ne laissera pas faire ». Il sait que la politique d’austérité de son gouvernement génère l’insatisfaction et accumule les motifs de révolte. La baisse des budgets sociaux va dégrader encore la situation de la majorité de la population, en premier lieu dans les quartiers. En alimentant les réactions hostiles face aux explosions de colère comme en se présentant en super flic, adepte de la violence d’État, Valls fait le lit du FN.
D’où l’urgence de construire les mobilisations contre la politique du gouvernement ainsi qu’une opposition combative porteuse d’une vraie alternative politique. Côme Pierron