Publié le Vendredi 8 avril 2011 à 11h32.

Halte à l’instrumentalisation de nos luttes à des fins racistes !

«Ça suffit ! Nous condamnons le racisme et refusons qu’il frappe en notre nom ! »1

PousséEs par l’urgence de la situation et la volonté de lutter contre la confiscation de notre parole, nous étions plus de 150 féministes, pédés, gouines et trans, musulmanEs et non-musulmanEs, issuEs d’orgas ou d’associations qui n’ont pas forcément l’habitude de travailler ensemble (plus d’une vingtaine de réseaux militants présents), rassembléEs pour commencer à unir nos forces dans un combat incontournable et nécessaire aujourd’hui : contre l’islamophobie, racisme d’État. Les militantEs du NPA étaient présents en nombre.

Sont intervenues : Rosa des Panthères roses, Nacira Guénif (sociologue), Noria pour Les Indivisibles, Djamila Sonzogni (EÉ-Les Verts), Jessica Dorrance (association Las Migras de Berlin) et touTEs les autres !

Au-delà de l’affluence impressionnante, la convergence associative initiale (à l’initiative des Panthères roses et co-organisée par elles, Les Indivisibles, le collectif Les Mots sont importants et les TumulTueuses) a également permis de franchir un véritable saut qualitatif.

Nous avons fait un premier pas pour nous emparer collectivement de questionnements politiques clés dans la période actuelle : contre qui et quoi se battre en priorité (le FN, le gouvernement, les lois racistes, l’idéologie républicaine empreinte de colonialisme, la notion de « choc des civilisations », etc.) ? De quelles armes disposons-nous (élaboration théorique, humour, mobilisations de masse, performances, affirmations diverses de noTREs identitéS, etc...) ? Quels combats partageons-nous ? Sur quel terrain ? Comment les renforcer et les articuler entre eux ? Comment respecter les identités de chacunE tout en construisant la convergence ? Quels doivent/peuvent être les rapports blancHEs/non-blancHEs ? Quelles expériences peuvent nous inspirer ? Des chantiers énormes, quoi !

Plusieurs idées se sont dégagées de cette discussion : le refus de l’instrumentalisation d’un vocabulaire et de références se voulant « féministes » à des fins islamophobes, et la nécessité de développement de mouvements autonomes (organisation autonome de femmes non-blanches, de gays musulmans, etc.).

Le NPA doit continuer à s’investir dans ce processus, en respectant les termes du débat, afin de permettre l’émergence d’un mouvement solide, qui ne devra sa force qu’à son développement propre. En effet, ce succès politique a, malgré tout, rencontré une limite importante, corollaire de son succès : l’absence de perspectives communes d’actions immédiates. Pourtant, c’est bien la convergence des réseaux présents dans diverses mobilisations qui a mis ce rendez-vous à l’ordre du jour : cette dimension est donc constitutive de la dynamique à l’œuvre.

Être pleinement investiEs, débattre et proposer des initiatives permettant de rassembler dans l’action, voilà comment le NPA doit envisager sur la durée sa participation à ce mouvement. Combiner respect et exigence politique conditionne le développement de cette dynamique plus que jamais d’actualité car, sans action collective, aucun débat politique ne pourra s’épanouir dans l’intérêt des oppriméEs et des exploitéEs.Continuons, car nous venons de franchir une étape enthousiasmante dans cette voie !

Agnès (Paris12e), Capucine (Montreuil), Sarah (Saint-Denis) et Xavier (Nantes)

1. Extrait de l’appel disponible sur : www.pantheresroses.org, www.tumultueuses.com, http://lmsi.net, http://lesindivisibles.fr