Publié le Mercredi 22 janvier 2025 à 15h30.

À la Gaîté Lyrique, le combat continue

Depuis 40 jours, un groupe de jeunes exiléEs, réuni au sein du Collectif des jeunes du parc de Belleville, a investi la Gaîté Lyrique, salle de spectacle emblématique du 3e arrondissement de Paris.

Ce collectif, formé par des mineurEs isoléEs majoritairement venuEs d’Afrique subsaharienne, lutte pour des droits fondamentaux bafoués : un hébergement digne, la reconnaissance de leur minorité et une véritable prise en charge par les institutions. Le Collectif des jeunes du parc de Belleville a vu le jour bien avant l’occupation de la Gaîté Lyrique. Il regroupe des jeunes laisséEs à la rue après des évaluations administratives souvent biaiséEs, menées par l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Ces évaluations, expéditives et discriminatoires, les déclarent arbitrairement majeurs, les excluant de tout dispositif d’accueil ou de protection.

Face à l’inaction des institutions, l’occupation de la Gaîté Lyrique s’est imposée comme une nécessité. Ce lieu est devenu un refuge pour près de 350 jeunes. Mais les conditions sont extrêmement dures. À l’étage, faute d’équipements adaptés, ces jeunes dorment à même le sol, dans des espaces surchargés, sans intimité. Malgré ces difficultés, le collectif s’organise : chaque jour, plus de 350 repas sont distribués grâce à une caisse de solidarité.

« On n’est pas ici pour squatter », rappelle le collectif. « On est ici pour militer. » Leur occupation est autant un acte de survie qu’un moyen de revendiquer leurs droits et de dénoncer un système qui les précarise.

Une nouvelle menace, l’expulsion

La situation a franchi un nouveau cap avec la menace d’expulsion. La mairie de Paris, tout en dénonçant la politique migratoire de l’État, pousse la préfecture à agir par une procédure judiciaire. Cette démarche est vécue comme une trahison par le collectif. « Nous demandons une protection, mais la seule réponse de la mairie est de nous expulser. Leur façon d’être solidaire, c’est de nous condamner à la rue avec cette baisse des températures. Veulent-ils un drame pour se débarrasser de nous ? », dénonce le collectif.

Dans le même temps, les institutions et associations continuent d’orienter de nouveaux jeunes vers la Gaîté Lyrique, preuve de l’absence totale de structures adaptées ailleurs. L’occupation devient un symbole de cette défaillance systémique et une réponse collective à un drame humanitaire que l’État refuse de prendre en charge.

Dans le même temps, la mairie continue de promouvoir des initiatives comme la Nuit de la Solidarité, prévue le 23 janvier, où des bénévoles sont invités à compter les sans-abris. Pour le collectif, cette opération n’est qu’un écran de fumée.

Le collectif dénonce une hypocrisie persistante. Si la mairie se dit en désaccord avec la politique raciste de l’État, elle n’a jamais pris de position pour s’y opposer. « Paris est une ville d’accueil pour les riches et les touristes, pas pour nous, les jeunes exiléEs, les familles à la rue. »

Un combat qui dépasse la survie

Au-delà de leur situation immédiate, les mineurEs isoléEs du collectif dénoncent le racisme structurel et les politiques migratoires inhumaines qui les précarisent. Leur lutte est un rappel urgent que l’accueil des exiléEs est un enjeu de justice sociale et un devoir de solidarité.

Face à la menace d’expulsion, la mobilisation est plus que jamais nécessaire. Ensemble, soutenons le collectif dans son combat pour des solutions dignes et pour une société fondée sur l’accueil inconditionnel et la solidarité.

Le NPA soutient pleinement cette occupation et appelle à une mobilisation massive pour répondre à ces exigences. Nous appelons toutes les forces progressistes, syndicats, collectifs et citoyenNEs à rejoindre cette lutte. 

Les rassemblements tous les mercredis et dimanches à 18 heures et les assemblées générales les mardis et vendredis à 19 heures à la Gaîté Lyrique sont l’occasion de témoigner de notre solidarité et de faire grandir le mouvement. Des appels à dons sont également lancés pour financer les repas et les besoins matériels urgents des occupantEs.

Amel