Depuis 153 jours, 21 compagnonEs d’Emmaüs, sur les 30 présentEs sur le site de Saint-André-lez-Lille, sont en grève. Iels demandent leur régularisation car, pour certainEs, cela fait huit ans qu’iels sont sur le sol français avec des enfants scolarisés.
Le fait de ne pas posséder le titre de séjour les empêche de trouver une issue, de chercher un autre travail ou de prétendre à un logement décent. Avec un salaire de 150 euros par mois, duquel il faut enlever les charges de la maison de l’association dans laquelle iels habitent, leur situation s’apparente à une forme contemporaine d’esclavage qui se heurte aux principes humanistes affichés par Emmaüs.
La contestation se répand dans les autres sites du Nord de la France
Leur détermination est incroyable et a entraîné une dynamique dans d’autres sites Emmaüs dans le Nord de la France. Le 22 août, ce sont en effet les compagnons de Grande-Synthe (à côté de Dunkerque) qui ont rejoint la lutte en affichant les mêmes revendications. En démontrant la même ténacité que les travailleurs et les travailleuses de Saint-André, iels en sont maintenant à leur 96e jour de grève. Iels ont été suiviEs, il y a quelques semaines, par les compagnonEs de Nieppe (au nord de Lille) qui se sont aussi mis en grève pour réclamer un titre de séjour et une vie digne.
La solidarité du milieu militant pour faire face à la répression
Dans les trois cas, les grévistes ont dû faire face à une forte présence policière et à des interventions musclées, nuit et jour, sur les différents piquets de grève. Les compagnonEs demeurent très motivéEs malgré la répression : « Nous irons jusqu’au bout », nous dit la porte-parole du mouvement.
Leur lutte exemplaire a entraîné un soutien important du milieu militant local, impulsé par la CGT, soutien auquel les militantEs du NPA Lille participent activement.
Jeudi 23 novembre, nous étions à leurs côtés lorsque les flics ont dégagé le piquet de grève de Saint-André qui se trouve devant la maison des compagnons. Les policiers étaient présents en nombre, ils ont empêché les compagnons de sortir de chez eux et leurs soutiens d’aller les rejoindre. Comme d’habitude en macronie, la répression a été violente. Les compagnonEs ont été gazés et l’un d’entre eux a été frappé à la tête. Acte très symbolique car représentatif de l’ordre bourgeois dont ils se font les défenseurEs, les flics ont arraché une des banderoles des compagnonEs sur laquelle était marqué « Emmaüs, y en a marre, l’esclavage c’est fini ». Depuis, la police demeure sur place pour empêcher la reconstitution du piquet de grève devant la maison des compagnonEs. La contestation se poursuit malgré la répression, au rythme des tambours et par tous les moyens dont ces travailleurs et travailleuses exploitéEs et discriminéEs disposent pour réclamer leurs droits fondamentaux.