Le rapport que Jacques Toubon, Défenseur des droits, vient d’envoyer au procureur de Paris, dénonce le profilage délibérément raciste d’interventions policières à Paris avec des « ordres et consignes discriminatoires », et met en cause la préfecture. Si cette dénonciation a fait un peu les titres de la presse, elle n’a pourtant rien de très surprenant. La pratique de contrôles « au faciès » et de discriminations et violences régulières envers des personnes racisées est largement connue à qui daigne s’y intéresser... ou doit les subir lui-même, que ce soit dans les quartiers populaires, les transports en commun, les gares, etc.
Dans le cas dénoncé par Toubon, il s’agit d’actes illégaux commandités en haut lieu, et appliqués largement par la DSPAP (Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne). Les cibles prioritaires semblent en avoir été les personnes Roms d’Europe de l’Est, dont on sait qu’elles sont particulièrement harcelées par la police nationale comme par beaucoup de polices municipales. Non seulement le droit à un toit, voire à la scolarisation de leurs enfants, leur est en général dénié, mais on cherche aussi à les faire disparaître des paysages urbains en les obligeant à vivre cachées, et elles sont donc d’autant plus fragilisées.
Les autres cibles des agissements dénoncés par Jacques Toubon sont des personnes désignées, dans une note interne à la police, comme « bandes de Noirs et Nord-Africains » : voilà qui démontre encore comment migrantEs et jeunes des quartiers populaires sont les victimes permanentes d’un racisme d’État qui apparaît ici dans toute sa crudité.
Mais ce rapport a aussi l’intérêt de dénoncer des faits précis datant de 2014. Il nous rappelle ainsi que les violences policières et la négation des principes d’un État de droit ne datent pas de Macron et de sa dérive ultra autoritaire. Qu’elles ne se réduisent pas à la répression actuelle des manifestations mais sont, pour les populations victimes de racisme institutionnel, profondément ancrées dans l’histoire coloniale et néocoloniale de l’État français.
La lutte pour les droits démocratiques, contre l’État autoritaire et policier qui se renforce est ainsi indissolublement liée à la lutte contre le racisme d’État. Deux thématiques qui doivent rester centrales dans nos luttes sociales au quotidien.
José Rostié