Tract des militants du NPA de Gennevilliers
Tu fais Ramadan : t’es viré !
Le « défaut d’alimentation et d’hydratation pouvait conduire ces agents à ne plus être en pleine possession des moyens requis pour assurer […] la sécurité physique des enfants », voilà la raison invoquée par la Mairie de Gennevilliers pour justifier la suspension le 20 juillet (annulée le 31 juillet et qu’elle n’appliquera pas aux équipes du mois d’août) de 4 animateurs qui jeûnaient, du lever au coucher du soleil, en ce mois de Ramadan.
Le jeudi 2 août, c’est un licenciement (rupture de période d’essai), celui de Belkacem, dans une colonie de Cherves-Richemont, qui a été rapporté par le Bondyblog. Ce blog est celui qui a révélé « l’affaire » de Gennevilliers, générant la mobilisation d’associations, de collectifs anti-racistes et du syndicat Solidaires, ce qui a permis d’ouvrir la polémique dans la presse et de faire reculer le maire (qui a, lui, reçu le soutien, un peu encombrant pour un communiste, du FN).
L’argumentation utilisée par l’équipe de direction du centre de Cherves-Richemont est la même que celle de la Mairie de Gennevilliers.
La « sécurité des enfants » : fantasme et réalités ou l’inversion des responsabilités.
Alors que jamais un accident n’a eu ses causes attribuées au jeûne de Ramadan dans un centre d’animation (l’accident qui a eu lieu en 2009 dans une colo de Gennevilliers ne résulte pas du jeûne de l’animatrice selon les rapports médicaux utilisés dans le procès), des directeurs de centres de vacances décident que faire Ramadan c’est, a priori, dangereux.
Par ailleurs, le risque de faire un malaise ou de baisser sa vigilance ne sont pas réservés aux jeûneurs et des dizaines de raisons peuvent mener à ce type de défaillances : ce qui permet de palier cela, c’est l’embauche d’assez de personnel pour qu’en cas de mise en défaut d’un animateur (quelle qu’en soit la cause !), les enfants ne se retrouvent pas sans adulte de référence.
En réalité, la sécurité des enfants ne peut être assurée qu’à travers une présence d’adultes en nombre important et non réduit au minimum, comme c’est le cas dans l’immense majorité des structures d’animation : les suspenseurs/licencieurs inversent donc totalement les responsabilités.
Par ailleurs, dans son communiqué, la fédération syndicale Solidaires a très bien démontré que, pour la sécurité des enfants, la première urgence serait de ne pas faire des contrats de travail ne garantissant aucun temps de repos journalier et obligeant les animateurs à travailler 6 jours sur 7.
Et n’oublions pas le scandale du salaire des animateurs qui ressemble bien plus à de l’argent de poche qu’à la paie d’un poste à responsabilités.
Stigmatisation, exclusion, paternalisme = islamophobie.
Quelle que soit l’intention de départ, nous sommes face à une décision intolérable qui alimente, en même temps qu’elle repose sur, la logique raciste islamophobe actuelle : stigmatisation, discriminations, criminalisation et exclusion croissantes des musulmanes et musulmans (ou « d’apparence musulmane » selon l’explicite formule de feu Sarkozy).
Cette décision, en plus d’être contraire au droit du travail, est discriminatoire quelles que soient les intentions des décideurs.En effet, les licencieurs/suspenseurs ont pris une décision d’exclusion ne s’appliquant concrètement qu’aux seuls musulmans.
Ils ont considéré et entretenu l’idée que des adultes qui décident de faire Ramadan sont, en plus d’être dangereux, irresponsables ou immatures, car incapables de savoir eux-mêmes s’ils sont en capacité d’assurer leur mission auprès des enfants dans ces conditions.
Ils se sont opposés pratiquement à la liberté de conscience et de culte. Enfin ils ne pouvaient ignorer que cette décision allait encourager les actes et les préjugés islamophobes que la droite et l’extrême droite ont alimenté à fond ces dernières années. La profanation de la
mosquée de Montauban le 1er août en est la triste illustration.
Il est heureux que la mairie de Gennevilliers ait retiré cette décision scandaleuse.
Quant à nous nous continuerons notre combat contre le racisme et l’islamophobie, avec toutes celles et tous ceux qui s’y opposent.
À BAS LE RACISME ET L’ISLAMOPHOBIE !