« Parce que les politiques racistes et sécuritaires du gouvernement et des principaux partis continuent. Parce que cela crée le terrain sur lequel prospèrent les haines et le Front National. Après le 21 mars, on continue ! » C’est ainsi que finit l’appel à une assemblée publique le samedi 4 avril, appel distribué lors de la manifestation du 21 mars à Paris.
S’il en était besoin, les scores du FN au lendemain de ces manifestations et la tonalité des discours tenus par Valls et Sarkozy ont confirmé cette nécessité...Suite aux attentats de janvier, les principaux responsables politiques, les intellectuels dominants et les médias avaient communié, dans l’union nationale et les incantations hypocrites au rejet du racisme. Aucun d’eux n’a relayé – quand ils ne les ont pas condamnées – les manifestations contre le racisme de ce 21 mars. À Calais et Saint-Affrique, ces manifestations étaient même interdites par les maires ! À Toulouse, la préfecture a interdit le centre-ville et mobilisé des centaines de policiers de toute la région contre les manifestantEs.Il ne faut pas s’en étonner : ces manifestations exigeaient des solutions concrètes qui, de Valls à Sarkozy en passant par Le Pen, vont à l’opposé des politiques prônées par tous les partis dominants : la régularisation de tous les sans-papiers, la fin des contrôles au faciès, le retrait des lois dirigées contre les musulmanEs et des lois sécuritaires, l’arrêt des démantèlements de camps de Roms...Parce que l’égalité ne se divise pas, parce que là où des discriminations existent, il ne peut pas y avoir de vivre ensemble, ces manifestations doivent marquer le début d’une véritable réponse à la dégradation sociale et politique actuelle.
Dans plus de 20 villesMalgré la situation, des manifestations ont eu lieu, en plus de Paris, dans 20 villes du pays derrière la même exigence : « Ensemble contre tous les racismes et le fascisme, l’égalité ou rien ! » Ce sont plus de 10 000 manifestantEs qui ont pris la rue, dont la moitié à Paris. Il faut voir les photos de ces manifestations sur la page facebook (antiracisme21mars), pour avoir une idée de la diversité des villes et des cortèges manifestant ensemble. À Calais, ville symbole du racisme d’État et des politiques sécuritaires, une centaine de manifestantEs ont même bravé l’interdiction de manifester. Et en manifestant contre le racisme et le fascisme, une solidarité internationale s’est exprimée avec ceux et celles qui manifestaient pour les mêmes raisons en Europe, d’Athènes à Londres, de Berlin à Barcelone...Disons-le clairement, cette réponse n’est pas encore à la hauteur du défi. Inverser la dynamique mortifère actuelle passera par la (re)construction d’un rapport de forces et d’une audience pour les revendications d’égalité des droits et d’égalité sociale, dans les quartier, les villes, les écoles et facs, et sur les lieux de travail. Et cela passera par la capacité à coordonner ces revendications à un niveau global.C’est bien en cela que les manifestations du 21 mars sont un début. Elles ont permis de regrouper sur un même appel des comités locaux et des associations nationales, des associations de travailleurs immigrés et l’Union juive française pour la paix, des collectifs de sans-papiers, des mamans en lutte contre l’islamophobie, des jeunes mineurs à la rue, des sections syndicales de Solidaires et de la CGT, des collectifs contre les violences policières et des collectifs antifascistes.Alors, après le 21 mars, on continue !
Denis GodardAssemblée publique samedi 4 avril à 15 h, bourse du travail de Saint-Denis (métro Porte de Paris).