Rappelons l’origine de la mobilisation nationale du 28 mai : un appel initié par deux universitaires visait à combler le manque de riposte unitaire nationale « contre le racisme, la politique d’immigration du gouvernement et pour la régularisation des sans-papiers ». Le bilan de cette journée est donc à faire bien au-delà des chiffres. Plus de 70 collectifs locaux se sont montés dans toute la France depuis le mois de janvier dernier, donnant lieu à des initiatives (rassemblements, manifs, pique-niques, projections-débats, etc.) dans de nombreuses villes du territoire. Cela témoigne d’un dynamisme évident et c’est déjà une preuve de la réussite de la campagne « D’ailleurs nous sommes d’ici ».
Par exemple, le coordinateur du collectif local de Menton (ville à la frontière italienne) témoigne ainsi de l’initiative prise le 28 mai : « Nous étions 150 côté France, il y avait environ 100 personnes côté Italie avec plus de 70 migrants tunisiens, mais quelque 200 policiers (français et italiens), impossibilité de passer la frontière pour faire notre pique-nique en commun. Nous avons pu faire une merveilleuse chaîne humaine et avons fait passer les drapeaux français, italien et tunisien d’un bout à l’autre de la chaîne [...]» Cette campagne a rendu possible la convergence des militantEs de dizaines d’organisations locales ou nationales, des migrants tunisiens, des collectifs de sans-papiers, de soutien aux Rroms, de lutte contre l’islamophobie, des quartiers populaires et contre les violences policières...
Se voulant une contribution à l’émergence d’un mouvement de société, elle a permis d’interpeller des artistes, des intellectuels et des élus. Elle a offert un cadre à toutes celles et tous ceux qui souhaitaient s’investir et agir contre le racisme, le gouvernement et l’extrême droite. En un mot, elle a permis le renforcement d’un véritable mouvement antiraciste.
Compte tenu du nombre d’organisations signataires, on aurait pu espérer des initiatives plus massives ce jour-là. Celles et ceux qui se sont impliquéEs dans cette campagne ont pu constater que l’investissement de ces structures a été, pour le moins, inégal. Pour répondre aux enjeux de la situation imposés par l’offensive raciste actuelle des classes dominantes, cela devra changer.
Vanina GiudicelliLe 4 juin se tiendra une assemblée de bilan à Paris. Ouverte à tous, elle devra permettre d’étendre cette campagne et aventure collective naissante. Les infos sur : www.dailleursnoussomesdici.org