Publié le Mercredi 18 juillet 2018 à 09h40.

Marche du 21 juillet : vérité et justice pour Adama Traoré !

Le 19 juillet 2016, Adama Traoré était tué par des gendarmes de Persan (95) durant une interpellation, le jour de son 24e anniversaire. Cet événement, loin d’être un accident, reflète la politique coloniale que l’État applique dans les quartiers. Cette gestion du territoire revêt une double dimension : celle d’un état d’exception et celle d’un terrain d’expérimentation d’un État de plus en plus répressif. 

Dans ces territoires, les habitantEs subissent un harcèlement policier sans commune mesure avec le reste de la population métropolitaine. Interpellations arbitraires, intimidations, insultes, humiliations et violences sont routinières. La mort d’Adama Traoré et de tant d’autres ne sont que le résultat funeste de cette politique. Mais l’exception ne s’arrête pas là, l’intrusion de l’État pour policer, acculturer et réprimer les habitantEs des banlieues est permanente via ses institutions telles que la police, les services sociaux et l’école (application de la loi de 2004, incitation à la délation de comportements dits « suspects » ou des « atteintes à la laïcité »…).

Acharnement contre la famille Traoré

La famille d’Adama Traoré se heurte à cet état d’exception via son bras armé, la police, qui tue dans ces quartiers. Elle se heurte également à un appareil judiciaire qui, non seulement refuse de reconnaître l’homicide et la responsabilité des gendarmes et de l’État mais, pire encore, se retourne contre la famille pour protéger cet état d’exception et décrédibiliser leur combat. Le procureur de Pontoise, Yves Jannier, a d’abord affirmé qu’Adama Traoré était mort à la suite d’une « infection très grave, touchant plusieurs organes » et qu’« il n’a[vait] pas subi de violences ». Cette version, relayée et soutenue par l’État les grands médias, a été démentie par une contre-expertise réclamée par la famille. Adama a été assassiné par asphyxie, après avoir subi un plaquage ventral, écrasé par trois gendarmes. En représailles, sa famille subit un véritable acharnement judiciaire. Tous les frères d’Adama – Bagui, Serene, Yacouba et Youssouf – ont été poursuivis, placés en garde à vue et/ou incarcérés. Qui dit état d’exception dit également justice d’exception. 

Expérimentation avant généralisation

Cet état d’exception a permis à l’État d’expérimenter ses politiques répressives dans les quartiers avant de les généraliser. L’état d’urgence a permis à la police de s’introduire dans des milliers de foyers sur simple soupçon, de les perquisitionner et de procéder à de nombreuses arrestations avec, pour seul résultat, le traumatisme de familles entières et des tragiques répercussions dans leurs vies sociales et professionnelles. Il a ensuite été utilisé pour réprimer le mouvement social (perquisition chez des militantEs, fouilles, interdiction de manifester…) pour, finalement, être généralisé dans le droit commun. Les armes et techniques d’immobilisation sont d’abord testées lors d’interventions dans les quartiers. De même que la fermeture des services publics a débuté dans ces quartiers… 

Sans justice, pas de paix

Grâce à la ténacité d’Assa Traoré et de ses proches, au travers du Collectif « la Vérité pour Adama », la mort d’Adama est devenu le symbole de toutes celles et ceux qui luttent contre la gestion raciale des banlieues et pour obtenir justice pour les victimes de crimes policiers, toujours plus nombreuses. 

L’ensemble des organisations politiques et syndicales, les militantEs et secteurs de lutte doivent soutenir les habitantEs des quartiers dans leur combat pour mettre fin à la dérive autoritaire de l’État. Un État qui, depuis longtemps, humilie, enferme, et tue dans les banlieues, qui aujourd’hui humilie et persécute les militantEs du mouvement social, et qui demain réprimera l’ensemble de la population. 

Soyons nombreux et nombreuses le 21 juillet à Beaumont-sur-Oise, autour de la marche pour les deux ans de la mort d’Adama Traoré qui débutera à 14 heures (départ à la sortie de la gare de Persan-­Beaumont). Sans justice, pas de paix.

Elisa, Hugo, SB et Lili (membres de la commission antiraciste)