Publié le Mercredi 20 janvier 2016 à 10h49.

Migrant-E-s : Du mur d’Evros à Calais, contre l’Europe des camps de la honte et des barbelés !

Ce week-end sera l’occasion pour les antiracistes d’Europe de coordonner leurs actions dans leur lutte commune contre l’Europe forteresse, et de renforcer la solidarité avec les centaines de milliers de migrantEs fuyant les guerres et la misère.

Les antiracistes grecs et turcs contre le mur d’Evros

«Il est temps de briser le mur de la honte à Evros » ! A l’initiative de la coordination antifasciste et antiraciste Keerfa, il est prévu un week-end de mobilisation à la frontière gréco-turque d’Evros pour « en finir » avec ce mur de 12 km de béton et de barbelés conçu pour empêcher les migrantEs d’entrer sur le territoire européen. Dénoncé dès le début de sa construction par Amnesty International comme une « fausse et dangereuse solution », ce mur coupe tout accès terrestre aux réfugiéEs, les obligeant à emprunter la voie maritime responsable des milliers de morts en Méditerranée. Ce samedi 23 janvier, deux manifestations se tiendront simultanément, l’une à Istanbul et l’autre à Alexandroupoli. Et le lendemain, les antiracistes turcs et grecs ont décidé de se retrouver de chaque côté de la frontière.

Manifestation internationale à Calais

En une semaine, la situation s’est encore dégradée dans la « jungle ». Outre le froid qui s’est installé, obligeant les habitantEs à se réchauffer dans des conditions dangereuses pour leur sécurité, les travaux de déblaiement/encerclement ont commencé (cf. l’Anticapitaliste n°319). Les pelleteuses sont entrées en action établissant un no man’s land de 100 mètres en bordure de la rocade afin d’empêcher les migrantEs d’approcher le tunnel de l’Eurostar. Cette réduction du périmètre de la « jungle » entraîne la destruction de nombre lieux d’habitation. Les migrantEs ont lancé une pétition dénonçant cette situation : « Nous avons décidé de résister pacifiquement au projet du gouvernement de détruire nos maisons ».à quelques jours de la manifestation de samedi, la mobilisation s’est renforcée. La LDH et le PG se sont joints à la liste initiale des signataires, la vente des places de cars s’est emballée, des covoiturages s’organisent au départ de plusieurs villes, laissant présager une bonne participation. De leur côté, les antiracistes anglais de Stand up to racism ont confirmé leur participation à la manifestation et la présence dans leurs rangs de plusieurs députés. Samedi dernier, ils avaient une nouvelle fois perturbé le trafic de l’Eurostar par un die-in à la gare de Saint-Pancras de Londres.

Préparer la journée internationale contre le racisme du 19 mars

La mobilisation internationale de ce week-end n’est qu’une étape dans la construction d’un mouvement européen le plus large possible contre l’Europe forteresse, pour le droit de circulation et d’installation, contre le racisme et le fascisme, pour le soutien aux migrantEs, pour la régularisation de tous les sans-papiers. En France, ce combat se conjugue avec la lutte contre l’état d’urgence et contre la guerre.

La route est encore longue, et la réussite relative des premiers meetings contre la déchéance de la nationalité pour les binationaux, contre l’état d’urgence ou contre l’islamophobie n’en sont qu’à leurs balbutiements. Il faudra pourtant que les progressistes français se hissent à la hauteur de leurs responsabilités et trouvent des convergences afin de construire un réel rapport de forces, seul capable de faire reculer le pouvoir et l’extrême droite.Samedi, toutes et tous à Calais ! « De l’air, de l’air, ouvrons les frontières ! »

Alain Pojolat