Publié le Jeudi 2 juin 2016 à 11h37.

MigrantEs : Barbarie sans fin

L’accord de la honte signé en mars entre l’Union européenne et la Turquie a considérablement aggravé le sort de dizaine de milliers de migrantEs et réfugiéEs, désormais prisonniers des frontières internes de l’Europe forteresse...

Cela n’a pas pour autant dissuader celles et ceux qui fuient les zones de guerre de tenter « leur chance ».

La Méditerranée ou la Manche pour sépulture ?

La mise en place d’un dispositif coercitif par l’agence européenne Frontex soutenue par la logistique de l’Otan, a, comme on pouvait s’y attendre, rendu plus difficile l’organisation des traversées pour les réfugiéEs. C’est maintenant des côtes libyennes que partent les bateaux et embarcations de fortune, accentuant encore les risques de voyages plus longs. Ainsi, le HCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) évalue à 700 le nombre de mortEs noyés au large de la Libye ou de l’Italie. Toutes les ONG s’accordent à dire que ce chiffre ne tient compte que des naufrages constatés, et que le nombre de victimes est sans doute plus élevé.En militarisant les zones d’embarquement pour la Grande-Bretagne (Calais, Cherbourg...), et en rendant chaque jour plus difficile les tentatives de passage sur des camions, les autorités françaises et britanniques contraignent aussi les réfugiéEs et migrantEs à prendre le risque insensé de tenter la traversée de la Manche dont le trafic maritime est l’un des plus denses du monde. Ainsi samedi 28 mai, 19 personnes sur un canot gonflable ont été secourus in extremis.

Invisibilisation et répression

Complices des décisions prises lors de l’accord du 19 mars entre l’Europe et la Turquie, les autorités grecques mènent sans faillir la répression contre les migrantEs. Le camp de Idoméni à la frontière avec la Macédoine a été vidé de ses 8 424 habitantEs. Près de 4 000 d’entre eux voulant échapper à l’incarcération se sont dispersés, campant désormais sur des aires d’autoroute ou autres lieux de fortunes, sans espoir de régularisation. Tous les autres se retrouvent aujourd’hui dans plusieurs camps du nord du pays, sans que les ONG en aient été prévenues. L’organisation Save the children dénonce des camps insalubres « sans services de base, y compris l’eau et la nourriture ».

Appliquant la même politique que les autorités grecques, le gouvernement Valls-Cazeneuve après la destruction de la partie sud de la « jungle » de Calais s’attaque aujourd’hui au camp de Grande-Synthe ouvert le 7 mars dernier par la municipalité et MSF afin de proposer aux migrantEs des conditions de vie moins inhumaines. L’État a donc décidé de reprendre en main la gestion du camp... en vue de le faire disparaître ! Un « service d’ordre » va être créé, et les rondes de police vont être augmentées. Plus aucune admission, avec au contraire une réduction progressive du nombre d’habitantEs, contraints à nouveau de créer de nouvelles « jungles ».

À Paris, quelques jours après l’évacuation musclée du lycée Jean-Jaurès dans le 19e arrondissement, plus de 800 migrantEs se sont réinstallés ces derniers jours dans le jardin d’Éole dans le quartier La Chapelle, subissant des conditions sanitaires indignes et sans perspectives de prises en charge par les autorités.

Toutes et tous à Calais le 18 juin !

Éclipsée par les nombreuses manifestations contre la loi travail, la situation infernale que vivent les réfugiéEs et migrantEs nécessite de relancer ici la mobilisation. C’est ce que nous avions fait le 23 janvier en manifestant dans les rues de Calais avec les migrantEs de la « jungle », au côté aussi de nombreux soutiens venus de Grande-Bretagne. L’opportunité nous est donnée de rééditer cette mobilisation internationaliste le samedi 18 juin prochain.

Ce jour là, nos camarades britanniques ont décidé, avec de nombreuses structures antiracistes et syndicales, d’organiser un convoi sur Calais afin d’acheminer sur la « jungle » des dons collectés sur les universités, les lieux de travail. À cette occasion, une manifestation partirait du camp pour rejoindre le centre-ville. Les anticapitalistes de France doivent rapidement prendre toutes les dispositions pour en faire un succès.Alain Pojolat