Un drame et des questions. Ibrahima, âgé de 22 ans, originaire de Sarcelles, est mort au guidon de sa moto, dimanche 6 octobre, à Villiers-le-Bel, dans le Val-d'Oise. Il a percuté un poteau lors d'un contrôle policier. Les circonstances de l'accident restent imprécises, et la version de la préfecture est contestée par des témoins.
Selon la préfecture, le dimanche 6 octobre en fin d’après-midi, alors que des policiers sont en train d'interpeller un homme pour une infraction routière, une moto de cross pilotée par un homme qui porte un casque s'engage dans la rue. L'un des policiers présents enjoint le pilote de ralentir pour s’arrêter. D’après la police, le pilote de la moto serait alors monté sur le trottoir, réaccélérant avant de freiner brutalement et de perdre le contrôle de sa machine. Dans sa chute, il aurait alors violemment percuté un poteau métallique. Les policiers disent avoir pratiqué aussitôt un massage cardiaque en attendant les secours mais Ibrahima meurt à son arrivée à l’hôpital.
« Justice pour Ibrahima »
Cette version officielle est contestée par certainEs habitantEs. Deux témoins ont ainsi assuré au Parisien (édition du Val-d’Oise) qu'à l'arrivée de la moto de cross, un camion des forces de l'ordre aurait bloqué la route au motard. Le conducteur aurait alors tenté de l'éviter en montant sur le trottoir mais « la moto a volé sur la route, et lui, dans le poteau », raconte l'un d’entre eux. Ajoutant : « La police a tout de suite déplacé la moto de la route au trottoir pendant que leurs collègues faisaient un massage cardiaque sur le motard ».
Cet accident et les imprécisions quant au rôle et l’implication des policiers dans le drame ravivent le souvenir d'une autre tragédie survenue dans la commune en 2007 : deux adolescents, Moushin et Laramy, âgés de 15 et 16 ans, étaient morts dans la collision de leur moto avec une voiture de police. Deux nuits de révoltes et d’émeutes s’en étaient suivies et c’est la mémoire de ce traumatisme que la mort d’Ibrahima vient inévitablement raviver sur la commune.
La famille de la victime a déposé plainte contre X pour homicide volontaire. À l’appel des proches d’Ibrahima un millier de personnes se sont rassemblées le lundi 7 octobre sur les lieux du drame pour lui rendre hommage et pour demander que toute la vérité soit faite sur les circonstances de sa mort. Une marche a été organisée dimanche 13 octobre, qui a regroupé plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux représentantEs de collectifs de lutte contre les violences policières, aux cris de « Justice pour Ibrahima ».
La famille, qui déplore que depuis le décès, aucune autorité n'est venue la voir, ni la police ni la préfecture, a déposé plainte pour homicide et exige maintenant à juste titre de pouvoir visionner les images de la vidéosurveillance : « On veut connaître la vérité ». Et nous tous avec elle ! C’est pourquoi notre soutien moral se traduira aussi par notre entière solidarité et implication dans les démarches et actions pour y parvenir.
Correspondants à Garges-lès-Gonesse (95)