Publié le Lundi 23 novembre 2020 à 09h59.

Non à l’expulsion des jeunes du Kabako !

Le 9 novembre, des services sociaux de Bordeaux et du Département sont allés « relever les identités » en vue de l’expulsion des jeunes hébergés au Kabako, 63 rue Camille Godard à Bordeaux. Depuis juin, ce bâtiment appartenant au Département est devenu, par une « réquisition citoyenne », un lieu de vie où une quinzaine d’adolescents d’origine africaine vivent ensemble, se partagent les tâches, s’entraident, accompagnés par des assos et des bénévoles ; certains commencent à apprendre le français, les maths et ont pu reprendre contact avec leurs familles. Avec l’aide des militants, ils arrivent à monter des dossiers difficiles et très longs (plus d’un an…).

Ils s’y sont regroupés après plusieurs années passées dans un squat insalubre rue Causserouge, le Squid, où ils ont survécu avec l’aide d’associations. Sans l’aide du Département censé les mettre à l’abri en tant que mineurs non accompagnés ayant subi de dures épreuves pour se réfugier en France, en attente de papiers ou d’un recours auprès du Tribunal des enfants pour une prise en charge en tant que mineurs non accompagnés.

Les jeunes ont refusé de donner leur identité n’ayant pas obtenu de réponse à leurs questions concernant le danger d’une expulsion ni de propositions concrètes de relogement. Ils ont dit et écrit aux services sociaux des lettres affirmant qu’ils ne veulent pas se retrouver à la rue après quelques jours ou quelque temps en hôtel, comme cela a été le cas lors du premier confinement. Au Kabako, ils ont trouvé un accompagnement scolaire, juridique, médical, socio-éducatif et une vie commune et collective indispensable avec des échanges, des loisirs. Ils s’y sentent en sécurité par rapport à la violence de la rue, de la délinquance, de l’alcoolisme et des drogues pouvant entraîner des troubles mentaux.

Ils souhaitent y rester ensemble, et qu’il reste ouvert pour tous leurs futurs « frères » venant s’y réfugier tant qu’il n’y aura pas de solution d’hébergement pérenne pour tous les jeunes en recours. Ils veulent aussi un vrai accueil immédiat des mineurs primo-arrivants, l’arrêt des mises à la rue quand l’Aide Sociale à l’Enfance leur est refusée -ce qui arrive très souvent, les services de la SAEMNA (Service d’Accueil et d’Évaluation des Mineurs Non-Accompagnés) les considérant comme majeurs et donc, les abandonnant à la rue-, ainsi qu’un accès à la scolarité pour tous.

Les services du Département ont répété que le Kabako n’était pas habitable. Les jeunes leur ont demandé pourquoi ils n’avaient rien fait quand ils devaient vivre dans des conditions indignes rue Causserouge ?

Comme pour la Zone Libre à Cenon, il n’y a que par la mobilisation qu’on pourra mettre un arrêt aux expulsions de migrants qui se succèdent.