Publié le Mardi 19 mai 2015 à 12h35.

Pas de justice, pas de paix !

C’était en 2005 à Clichy-sous-Bois : une dizaine d’adolescents qui sortent du foot sont interpellés par la police et prennent la fuite par peur d’un contrôle. Pris en chasse par plusieurs voitures de la BAC, trois d’entre eux se réfugient dans un transformateur électrique. Zyed Benna et Bouna Traoré trouvent la mort, et le troisième, Muhittin Altun, survivra. Ces décès, à l’origine d’une vague de révoltes dans les quartiers populaires d’une ampleur nationale sans précédent. Il faudra pourtant dix longues années pour que le procès des policiers aille jusqu'au bout. Dix ans de procédure au cours desquels vingt juges examineront les dossiers. Dix ans pendant lesquels, quels que soient les gouvernements, le Parquet réclamera encore et encore le non-lieu.

Le jugement des policiers mis en cause dans la mort de Zyed et Bouna aurait pu être l’occasion de montrer que l’impunité policière peut être battue en brèche ? Qu'il n'y a pas l'injustice pour ceux d'en bas et la justice pour ceux d'en haut… et ceux qui les protègent ? Le tribunal correctionnel de Rennes a tranché : les deux policiers, mis en examen pour « non-assistance à personne en danger », bénéficient d’une relaxe définitive. Pour le juge, au mépris des preuves, notamment les échanges radio entre policiers, les deux fonctionnaires n'ont jamais « eu conscience de l'existence d'un péril grave et imminent »… Une nouvelle fois, des policiers bénéficient d’une impunité judiciaire, sont traités comme des citoyens au-dessus des lois. Dans ces conditions, s'étonnera-t-on en particulier du soutien au jugement exprimé de façon plus ou moins dégueulasse par ce parti auto-proclamé « anti-système » qu'est le F-Haine ?

Face à cette décision de la cour de Rennes, de nombreux rassemblements de colère ont eu lieu, comme celui de Bobigny en Seine-Saint-Denis (93) qui a rassemblé spontanément plus de 250 personnes. Il faut qu'avec l'ensemble de la gauche sociale et politique, nous soyons de plus en plus nombreuses et nombreux aux côtés des collectifs et associations qui se battent contre les violences policières et contre l’impunité dont elles jouissent au quotidien. Comme le disait un slogan des rassemblements, « La police assassine, la justice acquitte ». Jusqu'à quand ?

Sandra Demarcq