Publié le Mercredi 4 mars 2020 à 10h14.

Racisme : ce ne sont plus des alarmes

Ça fait longtemps qu’on alerte. Désormais ce ne sont plus des alarmes.

Le 20 février à Hanau, en Allemagne, un fasciste a tué 9 personnes, dont une femme enceinte, dans deux bars à chicha. Parce qu’elle était tsigane, parce qu’ils étaient kurdes, turcs, syriens. Début février le parti de droite au pouvoir avait créé une crise en s’alliant localement avec le parti d’extrême droite AfD. Il a reculé depuis, devant l’indignation et les mobilisations. Mais le tabou est tombé et le racisme et les fascistes sont un peu plus légitimés. Ces derniers jours, un dirigeant fasciste de ce parti s’est affiché ostensiblement dans les manifestations islamophobes de Pegida.

Sale climat

À Lesbos, en Grèce, ce début de semaine, un centre d’accueil de migrantEs a été brûlé, un enfant est mort noyé, un migrant syrien a été tué par la police. Les fascistes d’Aube dorée manifestent pour empêcher les embarcations naufragées d’accoster.

Macron a communiqué sa solidarité… avec les gouvernements bulgare et grec pour « leur prêter une assistance rapide et protéger les frontières ». A-t-il en tête cette vidéo des garde-côte grecs essayant de faire chavirer une embarcation de migrants ? Pas de changement de ligne : le 20 janvier dernier, Laurent Nuñez, bras droit de Castaner à l’Intérieur, était allé à Athènes pour proposer son aide à la Grèce pour renvoyer dans leur pays les réfugiéEs.

En ces temps de coronavirus, les « confusions » de vocabulaire ne sont pas des hasards dans l’analyse comme dans les « solutions ». On parle de crise « sanitaire », « humanitaire », de virus, de contagion, de confinement, d’interdiction de se rassembler… et de fermeture des frontières. Hier le pouvoir disait que refuser de serrer une main ou porter un voile était un « signe » de « radicalisation », aujourd’hui il ne faut plus serrer de main et il faut porter un masque… Le paradoxe n’est qu’apparent. Sale climat.

« Votre système, nos victimes »

Ce ne sont plus des alarmes. L’appel pour la Marche des Solidarités du 21 mars n’en résonne que plus fort. 

« Quand des milliers de migrantEs sont mortEs chaque année, noyéEs, électrocutéEs, asphyxiéEs sur les routes de la migration à cause du système des frontières et des politiques anti-migratoires je n’ai rien dit. Je n’étais pas migrantE.

Quand les sans-papiers ont été enferméEs dans des centres de rétention je n’ai rien dit. Je n’étais pas sans-papier.

Quand des campements de Rroms ont été expulsés ou attaqués je n’ai rien dit. Je n’étais pas Rrom.

Quand les foyers de travailleurs immigrés ont été détruits, leurs salles collectives fermées, je n’ai rien dit. Je n’étais pas travailleur immigré.

Quand des jeunes des quartiers populaires ont été tués par la police je n’ai rien dit. Je n’étais pas noir ou arabe.

Quand un père de famille chinois a été tué chez lui par la police je n’ai rien dit. Je n’étais pas asiatique.

Quand des jeunes musulmanes ont été exclues de l’école, agressées dans les rues à cause de leur foulard je n’ai rien dit. Je n’étais pas musulmanE.

Quand des mosquées et des synagogues ont été attaquées je n’ai rien dit. Je n’étais ni musulmanE ni juif/juive.

Quand ils s’en sont pris aux Gilets Jaunes et aux grévistes je ne les ai pas soutenuEs. Quand la police a mutilé des manifestantEs, je n’ai rien dit. Je n’étais pas en grève.

Quand la société est devenue invivable et que les fascistes ont pris le pouvoir je n’ai rien pu faire. Il n’y avait plus personne pour résister. » Jamais ça !

En assemblée de mobilisation le 23 février, en présence de représentantEs des marches organisées en mars pour les droits des femmes, contre les violences policières, pour le climat et pour le droit au logement, la Marche des Solidarités a aussi lancé un appel « Votre système, nos victimes », pour une minute de silence dans les cortèges de toutes ces manifestations, à 15 h, « en hommage aux victimes du racisme, du sexisme, des violences policières et du système des frontières… »