Dans le plus pur style de la presse nazie ou collaborationniste de la fin des années 30, le torchon Minute, dont on nous dit qu’il connaît actuellement des problèmes financiers, ose faire dans sa dernière parution une Une qui n’aurait pas détonnée dans Au Pilori ou Je suis partout...Animalisant ses cibles, en l’occurrence aujourd’hui Christiane Taubira en singe, l’extrême droite continue à alimenter son fonds de commerce inépuisable des préjugés les plus crasses que sont le racisme et la haine « des autres ».Minute, faut-il le rappeler, a une longue histoire commune avec le Front national. L’ancien milicien François Brigneau, cofondateur du F-Haine, en fut pendant longtemps le rédacteur en chef qui depuis 1962 n’a jamais ménagé son soutien aux candidats fascistes lors des échéances électorales. Minute a choisi le « camp Gollnisch » opposé provisoirement à Marine Le Pen. Quand on est facho, on est facho !La présidente du F Haine atteinte d’amnésie chronique, toute mobilisée autour sa campagne de dédiabolisation, ose jouer les vierges effarouchées devant l’ignoble attaque raciste dont est l’objet la ministre de la Justice. Certaine que « la meilleure défense, c’est l’attaque », elle prétend poursuivre en justice... la ministre, qui dans une réponse mesurée, avait rappelé en quelques mots ce qui constitue la quintessence de l’idéologie raciste, colonialiste et fasciste du Front national. Se partageant les rôles avec sa présidentiable de fille, Jean-Marie Le Pen en rajoute une couche, qualifiant Taubira d’« anti-française » au micro de France Inter.
Quelle riposte ?Ce qu’il convient d’appeler maintenant « l’affaire Taubira » suscite légitimement une indignation générale chez les progressistes et les antiracistes, qui malgré ce que voudraient faire croire certains médias, sont encore majoritaires dans ce pays.Ainsi, le Parti socialiste, totalement muet pendant la séquence réactionnaire de « la manif pour tous » et du « printemps français », incapable de défendre ses promesses électorales sur le droit de vote des étrangers résidant en France, semble découvrir qu’il serait temps de marquer un coup d’arrêt à cette prétendue déferlante.Deux initiatives censées organiser la riposte sont proposées : un meeting du PS « contre les extrémismes » à Paris le 27 novembre... avec en guest star Manuel Valls (celui qui traque les sans-papiers et détruit les camps de Roms), et une « marche des républicains » le samedi 30 novembre à Paris, à l’appel entre autres de SOS racisme. Un tel flou œcuménique ne peut qu’ajouter de la confusion et détourner du combat mené par les organisations de sans papiers, le DAL ou les collectifs antifascistes... Ces initiatives s’affichent de fait en concurrence avec la Manifestation nationale organisée pour le 30e anniversaire de la Marche contre le racisme pour l’égalité et la justice pour touTes qui aura lieu à Paris le samedi 7 décembre.En se mobilisant pour le retour de Leonarda et de Khatchik, les lycéenEs ont montré une autre voie que celle de la récupération étatique de leur mouvement. En contraignant Marine Le Pen à annuler son voyage dans leur pays, les AntillaisEs, une nouvelle fois, nous prouvent que seule la mobilisation paye. Pas de fascistes dans nos quartiers... Pas de quartier pour les fascistes !
Alain Pojolat