Publié le Lundi 27 mars 2017 à 11h10.

« Radicalisation » : Des mesures inacceptables et dangereuses à la mairie de Paris

La Ville de Paris a décidé de mettre en place un dispositif de surveillance entre collègues au nom de la lutte contre la « radicalisation ».

Une cellule d’« accompagnement » composée d’agents de plusieurs services et pilotée par le secrétariat général de la mairie est mise en place pour recueillir des informations via un mail dédié ; qualifier les informations recueillies (disciplinaire, laïcité, suspicion de radicalisation) ; écouter, conseiller, accompagner les agents qui le souhaitent ; alerter la hiérarchie des services concernées ; transmettre les signalements aux autorités compétentes si besoin.

Des formations ont été dispensées à plusieurs centaines d’agents, volontaires ou pas. Certains des participants ont été choqués et les ont jugées « déplacées »...

Stigmatisation

Les syndicats de la Ville sont restés, pour l’instant, dans un silence prudent, à l’exception du syndicat FSU qui, dans un communiqué diffusé aux personnels, estime qu’« il n’appartient en aucun cas aux employeurs de se substituer aux services de police ou au rôle de prévention des services sociaux à destination des usagers et encore moins d’organiser une surveillance généralisée de leurs salariés. Cette surveillance accompagnée de délation stigmatise immanquablement nos collègues "musulmans", quelles que soient leurs convictions politiques ou religieuses et développera le racisme et les conflits entre collègues. » Le syndicat demande donc à la Ville de Paris de renoncer « à ce processus dangereux pour les agents et les libertés démocratiques et sociales »...

Il est en effet probable que l’on voit se multiplier rapports, enquêtes internes, conseils de discipline et règlements de compte sous prétexte de laïcité. En effet, dans de nombreux collectifs de travail, l’ambiance se dégrade faute de moyens, de formation, d’effectifs... Dans un tel contexte, des collègues pas « conformes » pour une raison ou une autre peuvent servir d’autant plus facilement de boucs émissaires.

Ce genre de surveillance est inacceptable. On imagine aisément ce que cela pourrait donner avec un maire Front national et l’indignation légitime que cela susciterait ! Mais venant d’une mairie dirigée par le PS, c’est tout autant insupportable...

Correspondant