Après 73 jours de grève de la faim, les sans-papiers du comité de Lille (CSP59) ont suspendu leur grève de la faim. Ils et elles ont obtenu des récépissés et l'établissement d’un calendrier pour l’examen « bienveillant » de leurs dossiers.Si la grève est suspendue, la lutte continue et, à travers elle, les sans-papiers lillois nous donnent une leçon. Ils ont montré que le changement devra être imposé à Hollande et Valls. Ils et elles ont fait l'expérience de la violence et du mépris du pouvoir socialiste (expulsions, mises en rétention et humiliations quotidiennes diverses).Il aura fallu le développement d'un mouvement de solidarité à l'échelle nationale pour que la préfecture reconnaisse leur mouvement et leur situation. Des actions d'occupation (nonciature apostolique, siège du PS, siège de l'AFP à Paris, Air France à Marseille, locaux du PS à Rennes…), des rassemblements et manifestations dans plusieurs villes (Strasbourg, Paris, Grenoble, Toulouse…) se sont multipliés dès le début du mois de janvier, obligeant le préfet à faire des propositions.Une dynamique d'unification du mouvement Autour du soutien aux sans-papiers lillois est née ce que craint le plus le ministre de l'Intérieur : une dynamique de réunification du mouvement des sans-papiers et d'élargissement du soutien. Dans les appels « Faut-il mourir pour avoir des papiers » se sont rassemblés de nombreux collectifs de sans-papiers, mais aussi des associations (ATMF, Brigade Anti Négrophobie, Droits Devant, Fasti, MRAP, FTCR, Coordination contre le racisme et l'islamophobie, Emergence, UJFP…), des sections locales de RESF, de la CGT ou de la FSU, Solidaires, la Fédération du Nord des jeunes communistes, Alternative Libertaire, le PIR, les Alternatifs, la GA et bien entendu le NPA.Le communiqué de la préfecture de Lille, qui a conduit à la suspension de la grève de la faim, faisait suite à un appel national lancé pour « faire monter la pression ». Et lundi 14 janvier, une centaine de sans-papiers et soutiens sont allés manifester sous les fenêtres de Valls au ministère de l'Intérieur. Malgré les promesses écrites de Hollande et Ayrault, le ministre a refusé de rencontrer les sans-papiers, et au contraire, Valls a envoyé ses valets : 117 manifestantEs ont été embarquéEs (et relâchéEs deux heures après).Grâce aux sans-papiers en lutte, une brèche s'est ouverte contre le « sarkozysme de gauche » de Valls, comme l'écrit le CSP59. Il est plus que temps de s'y engouffrer et de l’élargir pour briser la vague réactionnaire qui tente d'envahir nos rues.Denis Godard
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Philippe Revelli