Publié le Mercredi 30 mai 2018 à 13h08.

Toulouse : mineurEs isolés étrangers, une première victoire !

Légalement les jeunes mineurs isolés étrangers ont droit à la protection de l’Aide sociale à l’enfance gérée par les départements. Mais en Haute-Garonne le conseil départemental (PS) a mis en place le dispositif départemental de l’accueil, l’évaluation et l’orientation de mineurs isolés (DDAEOMI) qui prétend évaluer s’ils sont réellement mineurs. D’où des actions de résistance, et une première victoire le 25 mai.

Le but des « travailleurs sociaux » de l’association qui a obtenu la « délégation de service public » très particulière est de déclarer majeurs le plus de jeunes possible (cinq « évaluations » par jour et des tests osseux dont le manque de fiabilité est pourtant avéré) et de les mettre alors à la rue, même s’ils font appel de la contestation de minorité. Il faut savoir que dans 8 à 9 cas sur 10 le tribunal confirme la minorité du plaignant (et oblige alors le conseil départemental à les reprendre en charge). Mais la procédure peut durer des mois, durant lesquels les jeunes sont à la rue et sans ressources.

Procédure judiciaire abandonnée 

Face à cette situation le collectif AutonoMIE a ouvert le 12 octobre 2017 un lieu d’accueil dans un ancien hôtel devenu propriété de l’Établissement public foncier local (EPFL) de Toulouse Métropole.

Depuis décembre, cet organisme a lancé une procédure d’expulsion du squat. Mais par trois fois il a lui-même demandé un report d’audience « afin de négocier ». La dernière proposition, le 16 mars, consistait à s’occuper des seuls occupants du squat, en laissant de côté la soixantaine de jeunes logés par le réseau d’hébergeants. Elle avait été unanimement refusée par les jeunes.

Et à l’audience du 25 mai (la quatrième) l’EPFL a abandonné la procédure qu’il avait lancée, incapable qu’il était de présenter le moindre projet pour cet hôtel désaffecté justifiant l’urgence de l’expulsion.

Il faut dire aussi qu’à chacune des 4 audiences, plus d’une centaine de personnes sont venues devant le tribunal d’instance pour soutenir le collectif AutonoMIE et les jeunes.

Le Conseil départemental doit assumer ses responsabilités

Première victoire donc. Mais AutonoMIE a tenu à la prolonger par un rassemblement devant le conseil départemental pour exiger la dissolution du DDAEOMI et un changement total d’attitude du conseil départemental : aujourd’hui on fait perdre des mois à des jeunes qui ne souhaitent qu’apprendre et construire leur avenir. La plupart de ces jeunes viennent d’Afrique subsaharienne et veulent apprendre un métier. Le collectif AutonoMIE a certes permis leur hébergement au squat ou chez les hébergeants, et donné les moyens juridiques de faire appel grâce à des avocats. Mais il a aussi organisé des cours de français, de mathématiques et d’anglais avec des bénévoles, où les jeunes mineurs ont montré leur soif d’apprendre. Il est grand temps que les « socialistes » du conseil départemental leur propose sans tergiverser la formation à laquelle ils ont droit.

Et puis on a appris que bientôt l’hôtel squatté allait changer de propriétaire : la mairie de Toulouse le rachèterait. Avec un « projet » justifiant une nouvelle procédure d’expulsion ? La vigilance reste donc de mise, mais un point important a été marqué.  

Correspondant