Publié le Mercredi 6 avril 2011 à 20h11.

UMP, recherche stratégie désespérément

Derrière les sorties racistes des Guéant et autres Copé, il faut voir une tentative de remettre l’UMP en ordre de bataille pour 2012, alors qu’au sein de la « grande famille », les dissensions se font jour.Une fois encore, Claude Guéant s’est distingué par une déclaration provocatrice et raciste, une de plus, à l’encontre des immigrés et des musulmans. La veille du prétendu débat sur la laïcité organisé par l’UMP de Copé, il s’est laissé aller à déclarer que le nombre de musulmans posait problème. Penser que les différentes déclarations des uns comme des autres ne seraient que des « dérapages » ou de la surenchère aux propos du FN seraient une erreur. En effet, tous les propos de Guéant, mais aussi de Copé et compagnie, sont volontairement lâchés maintenant depuis de semaines par les caciques de l’UMP, avec une perspective évidente : déporter le débat des questions sociales vers celles de la sécurité et de l’immigration, en poursuivant la logique de stigmatisation de la communauté musulmane, tenter de faire oublier l’impopularité grandissante du président des riches. Sans doute peut-on voir dans cette stratégie l’influence et les conseils de Patrick Buisson. Ancien directeur de rédaction de Minute (journal d’extrême droite) puis de Valeurs actuelles, conseiller de Sarkozy depuis 2007, il lui aurait soufflé l’idée de la création du ministère de l’Identité nationale et de l’Immigration. De « bons conseils » pour avoir aidé Sarkozy à siphonner les voix du FN en 2007, c’est sans doute à cette tâche que le conseiller spécial de l’Élysée s’emploie à nouveau. Mais les conseils de cet homme peu fréquentable, semblent ne pas faire l’unanimité. La stratégie consistant à faire « mieux » et plus que Marine Le Pen, divise de plus en plus la droite.Depuis leur déculottée aux élections cantonales, les dissensions s’exacerbent. Que ce soit sur les Roms, la déchéance de la nationalité, la laïcité, l’immigration, l’attitude face au FN mais aussi plus globalement sur quelle politique mener pour ne pas perdre en 2012, tout est sujet à division... même le nom du candidat aux élections présidentielles. Dans cette « grande famille », les principaux partis centristes de la majorité présidentielle, le Parti radical de Jean-Louis Borloo, la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel, le Nouveau Centre d’Hervé Morin et l’Alliance Centriste de Jean Arthuis, en profitent pour justifier leur prise de distance avec la machine à perdre que semble être devenue l’UMP et pour appeler de leurs vœux la confédération de ces forces, en cours d’élaboration. Une épine de plus dans le pied de Sarkozy. Mais tous ceux qui osent émettre des critiques sont rappelés à la discipline : il est interdit de dés­approuver la stratégie à l’œuvre après le résultat catastrophique des cantonales, car aussitôt c’est la mise en garde, pas question de remettre en cause « l’unité de la famille ». Même chose en ce qui concerne le débat organisé par l’UMP sur la laïcité le 5 avril. Mais malgré les rappels à l’ordre de Sarkozy les voix nombreuses et dissidentes se sont élevées contre. François Fillon a même annoncé qu’il ne s’y rendrait pas. Alors ne nous y trompons pas, les dissensions actuelles au sein de la majorité ne révèlent pas de divergences profondes de vues : ceux et celles qui manifestent leurs désaccords avec les choix présidentiels, ne le font que parce que le navire UMP prend l’eau de toutes parts et que la victoire en 2012 pour la droite est de moins en moins assurée. En effet, les Borloo, Baroin, Fillon ne sont que des Tartuffe de la politique, ils ont assumé et appliqué jusqu’alors la politique raciste et xénophobe menée depuis 2007. Aucune voix ne s’est émue jusqu’alors de la chasse aux sans-papiers, de la chasse aux Roms ou de la stigmatisation des jeunes des quartiers populaires. La droite est affaiblie et c’est tant mieux. Il faut donc s’opposer avec détermination à sa politique. Pour autant ce ne sera pas suffisant. Car à cette droite en crise, il faut opposer une véritable alternative capable de répondre au désarroi d’une majorité de la population dont une partie peut se tromper de colère et croire que le FN est un recours acceptable. Construire une alternative portant un projet de rassemblement anticapitaliste, répondant enfin à l’urgence sociale, écologique et démocratique.

Sandra Demarcq, Myriam Martin