Publié le Jeudi 22 décembre 2022 à 17h00.

Université Toulouse-III, solidaire des jeunes mineurs isolés étrangers

Depuis 2016, le Conseil départemental prend en charge les mineurEs isolés étrangers, s’ils ont fait la démonstration de leur minorité. L’organisme qui traite le dossier est le Dispositif départemental d’accueil d’évaluation et d’orientation des mineurs isolés étrangers (DDAEOMIE). Il aboutit, dans 80 % des cas, à une déclaration de majorité après une procédure humiliante et policière, transformant ces jeunes isolés en personnes sans-papiers. Sans droits, ils sont jetés à la rue.

À Toulouse, le collectif AutonoMIE organise ces jeunes. Avec l’aide d’avocats, et grâce aux dons d’argent, le collectif entame de longues démarches auprès des consulats afin de faire reconnaître comme valides les papiers d’identités des jeunes. À la suite de cette démarche, dans 95 % des cas, la minorité est reconnue par le tribunal, et le Conseil départemental est forcé de prendre en charge ces jeunes.

170 jeunes à la rue fin août

Jusqu’en août 2022, le collectif AutonoMIE occupait un bâtiment municipal pour loger et organiser les jeunes mineurs. Le 26 août, le maire, Jean-Luc Moudenc, a réussi à expulser les 170 jeunes du collectif qui se sont retrouvés à la rue et se sont regroupés dans un campement de fortune devant le tribunal. La solidarité s’est organisée et, face à la pression, les pouvoirs publics ont proposé des solutions de relogement pour une centaine d’entre eux. Mais pas de solution collective. Les jeunes ont été dispersés dans de nombreux endroits (hôtels, centres d’hébergement…). De plus, chaque semaine, de nouveaux jeunes mineurs se retrouvent à la rue à Toulouse, sans solution.

Tant que la présomption de minorité ne sera pas reconnue, les jeunes mineurEs isolés auront besoin d’un lieu collectif pour se mettre à l’abri et s’organiser pour faire valoir leur droit. Le 12 décembre, les jeunes, soutenus par les associations AutonoMIE, Toutes en classe, la Société Saint-Vincent-de-Paul et Médecins du monde, ont donc pris possession d’un bâtiment inutilisé de l’­université Toulouse-III.

Occupation d’un bâtiment inutilisé de l’université 

Face à cette occupation, la présidence de l’université a fait preuve de bien peu d’humanité. Menaces d’intervention policière, mise en avant de risques électriques et radioactifs (dans des bâtiments qui ont pourtant été utilisés par des agentEs de l’université pendant des années et il y a quelques mois encore), intimidation des jeunes par des agents de sécurité de l’université…

À l’inverse, agentEs et étudiantEs de l’université ont fait pression pour accueillir ces jeunes dans les meilleures conditions. La CGT s’est rapidement indignée de l’attitude de la présidence. Des distributions de tracts, des collectes solidaires se sont organisées. De très nombreuses personnes ont témoigné de leur solidarité empêchant ainsi la présidence de procéder à une expulsion rapide. Il s’agit maintenant de consolider ce lieu d’accueil dans la durée, au-delà des congés universitaires.

Lien pour faire un don : https://www.papayoux-solidarite.com/fr/collecte/autonomie-collectif-de-lutte-et-de-defense-des-mineur-es-isole