Depuis lundi, CNews ouvre quotidiennement son antenne à Zemmour de 19 h à 20 h. Malgré les indignations et les annulations de contrats publicitaires, le milliardaire Bolloré a donc maintenu son protégé, tout comme il l’avait fait pour Morandini accusé de harcèlement sexuel.
Rappelons que Zemmour a été condamné deux fois par la justice pour ses propos incitant à la haine raciale et à la haine religieuse. Mais l’appât du buzz et de l’audimat n’a pas de limites pour la chaîne d’info de Canal +. Pour faire genre, la chaîne a collé une ancienne membre du CSA à la présentation, a trouvé trois chroniqueurs pour le « fondre dans la masse » et un contradicteur pour faire croire à un débat. Mais malgré ces artifices, c’est bel et bien une tribune incroyable offerte à Zemmour et à sa haine des musulmans, des femmes et de bien d’autres encore.
Le « venin » de Zemmour, comme le nomme l’historien Gérard Noiriel, n’est pas neuf. Mais le développement des chaînes d’infos a transformé en profondeur le débat politique, et a permis à Zemmour ou d’autres de distiller impunément et sans contradicteurs leur haine et leurs mensonges depuis une vingtaine d’années. L’intérêt des télés à tout cela ? L’argent et le buzz évidemment. Mais pas seulement. En effet, la diffusion, en direct sur LCI, du discours xénophobe, d’appel à la guerre civile contre l’islam, de Zemmour lors de la « convention de la droite » est un véritable choix politique et pas une erreur comme a essayé de le vendre la direction de la chaîne. Un choix qui légitime et banalise les discours racistes et la stigmatisation des musulmanEs.
La liberté d’expression, à laquelle nous sommes fermement attachés, ne peut servir de couverture à la diffusion d’appels à la haine et à la promotion de la thèse du « grand remplacement », de discours néofascistes qui débouchent, de plus en plus, sur de meurtriers passages à l’acte. Les chaînes qui choisissent de les relayer le font en connaissance de cause et doivent donc être traitées comme des complices de la haine : inutile de les regarder, et on peut même éteindre nos télés !
Joséphine Simplon