Documentaire britannique, 70 minutes, en ligne sur Netflix, sorti le 27 décembre 2020.
Après le succès de la série Black Mirror, Charlie Brooker et Annabel Jones réalisent Death to 2020, un documentaire satirique qui se propose de mettre à mort cette annus horribilis. Sorti le 27 décembre en tant que production originale de Netflix, le documentaire a été reçu tièdement par la critique malgré son casting prestigieux. Parmi les acteurEs les plus connuEs, on retrouve Samuel L. Jackson dans le rôle d’un reporter du New Yorkerly News, Hugh Grant en faux historien mélangeant l’histoire avec les aventures de la série Game of Thrones, et Lisa Kudrow, Phoebe dans la célèbre sitcom Friends, qui interprète une porte-parole acharnée du camp des conservateurs. D’autres rôles réussis sont ceux de Leslie Jones et Tracey Ullman. La première, devenue célèbre pour pour ses stand-up au « Saturday Night Live », met en scène une psychologue comportementale cynique tandis que la deuxième incarne avec ironie une reine Elisabeth II alimentant sa chaîne YouTube et cultivant son agacement envers Meghan, l’épouse du prince Harry.
Un comique aux saveurs de tragédie
Les deux créateurEs détournent les codes du documentaire pour rendre compte d’une année incroyablement anxiogène. Dans ce faux documentaire, les différents personnages proposent une critique de la société et de ses modèles de réussite : le millennial embrassant la cause de Black Lives Matter afin de préserver son rôle d’influenceur, la maman complotiste et raciste ou encore le patron high tech touché par la prise de parole de Greta Thumberg à Davos, constituent les différentes manifestations d’une société à la dérive. Leurs voix sont entrecoupées par des images d’archives et des extraits des médias qui documentent les événements saillants de l’année 2020. Des incendies en Australie au Brexit, de la victoire de Joe Biden face à Bernie Sanders à l’explosion de la pandémie de Covid-19, tous les faits de l’année semblent s’enchaîner pour composer une séquence dystopique de la série Black Mirror. Et cela malgré l’intention des auteurEs ayant souhaité désamorcer la tension, précisément car l’état du monde réel était trop sombre pour réaliser une sixième saison de la série. Mais il est difficile de rigoler de l’année qui vient de s’écouler quand ses effets néfastes et ses maux sont encore en circulation.
En dépit du ton satirique, les images et les personnages de Death to 2020 restent angoissants. Les déclarations contradictoires voire délirantes de Boris Johnson et Donald Trump dans le contexte inédit de la crise sanitaire, la vie sociale mise en arrêt dans le monde entier, l’assassinat de George Floyd ou encore les phénomènes de polarisation sur internet encourageant une montée de l’extrême droite, nous plongent dans une réalité de plus en plus intolérable.
Face à cette situation, la rébellion est urgente et vitale. Après tout, nous ne pouvons que remonter la pente !