Collection du Whitney Museum of American Art. Du 22 septembre au 21 janvier, musée Maillol, Paris.
Le musée Maillol (Paris 7e) accueille une soixantaine d’oeuvres de 24 artistes du Pop Art américain d’après-guerre, du début des années 1960 à la fin des années 1970, venues des collections du Whitney Museum of American Art de New York. On y retrouve les plus connus, Andy Warhol ou Roy Lichtenstein, et bien d’autres talents, parmi lesquels plusieurs artistes femmes moins connues. Un air bienvenu de l’Amérique anticonformiste et contestatrice...
« Une sorte d’instantané de l’époque »
Gertrude Vanderbilt Whitney, issue d’une famille très fortunée, fut, au début du 20e siècle, la plus grande mécène d’art contemporain de son époque. Elle-même sculptrice, elle organisait des expositions d’artistes américains vivants dont les œuvres sont ignorées par les institutions traditionnelles avant de fonder son propre musée, qui lui survivra.
« Les tableaux [exposé à Paris] ont été achetés au moment où ils ont été peints, c’est une sorte d’instantané de l’époque », explique Adam D. Weinberg, directeur du Whitney Museum of American Art. L’exposition nous permet de saisir une part de la vitalité de ces artistes qui ont créé une forme d’art nouvelle, réaliste, irrévérencieuse, joyeuse, en introduisant dans leurs pièces les objets de la vie quotidienne, les codes de la publicité, les modes de production industrielle... Le mouvement puisa sa matière et ses couleurs dans la culture populaire, ses slogans et ses flashs dans les médias de masse, comics compris.
Les artistes Pop représentent les objets du quotidien et les images de la culture véhiculée par les médias capitalistes, employant les techniques de la publicité ou la bande dessinée en pleine expansion. Ils s’approprient souvent des figures iconiques comme Jackie Kennedy ou Marilyn Monroe.
Le Pop Art utilise la puissance des images, et c’est avec humour, souvent avec ironie, qu’il dépeint « the american way of life», l’aliénation sous ses multiples aspects et expressions dans un monde où tout est marchandise. Il en fait une critique de l’intérieur à partir de ses propres repréCentations, sans jugement ni morale. Il s’approprie ses propres productions pour mieux les retourner contre lui, les subvertir sur tous les modes, ironie, critique, parodie, sexy, démesure... À voir.
Yvan Lemaître