Publié le Dimanche 15 juin 2025 à 09h00.

L’Arbre et la Tempête, de Quentin Müller

Socotra, l’île oubliée. Éditions Marchialy, 2025, 350 pages, 22 euros.

Bien entendu, vous n’avez jamais entendu parler de l’île de Socotra, pas plus que des dragonniers, arbres vieux de 20 millions d’années, dont la sève rouge leur vaut le petit nom de « sang des frères ». Terre de légendes, perdue en mer d’Arabie, à quasi-équidistance de la Somalie et du Yémen, pays dont elle fait partie.

C’est de ces arbres, de cette île, de sa population viscéralement pacifique, aux traditions d’accueil bien établies, de la situation unique de ce territoire balloté au milieu d’enjeux géopolitiques impliquant les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, enjeux qui dépassent largement cet ancien protectorat anglais, ancien sultanat autonome, que l’auteur veut rendre compte dans son livre. 

La construction parfois chaotique de l’ouvrage semble bien coller avec un projet pas très abouti, construit chemin faisant, au fil des rencontres avec des personnages qui, pour habiter le même territoire, semblent vivre à des époques différentes des histoires étrangères les unes aux autres. Ainsi, les descendants directs des anciens sultans, mine de légendes et d’histoires relevant de la mythologie, contrastent avec les anciens tenants du socialisme panarabe ou les séides dévoués aux nouveaux maîtres de la région.

En dépit de certains côtés paternalistes — qui agacent — de l’auteur tant vis-à-vis de sa compagne que de certains de ses interlocuteurs, l’Arbre et la Tempête est un livre original et attachant.

Claude Moro