Quand la bande dessinée résiste à la pandémie.
Au fil des ans, le FIBD (Festival international de la bande dessinée) s’est transformé en institution culturelle et en entreprise commerciale, avec des sponsors privés et publics. Néanmoins, l’association de bénévoles qui l’organise a toujours cherché à représenter l’intégralité du monde de la BD et les créateurEs BD eux-mêmes et elles-mêmes ont su montrer à de nombreuses reprises aux grands éditeurs et aux pouvoirs publics qu’ils n’étaient pas des moutons. L’édition de 2020 1 restera dans les mémoires avec ses nombreuses manifestations et un succès -populaire toujours au rendez-vous.
Un 48e festival reporté au 27 juin
Dans un premier temps, le festival avait été reporté à la fin juin (du 24 au 27) avec un mini-évènement pour la proclamation des prix (en dehors du grand prix de la ville d’Angoulême qui récompense unE artiste pour l’ensemble de sa carrière) à la date habituelle du festival le 29 janvier.
Le mini-évènement a dû être revu encore à la baisse. La proclamation des prix se fera dans un théâtre vide de public tandis que l’exposition hommage consacrée à Emmanuel Guibert (dernier lauréat du Grand Prix) ne pourra ouvrir ses portes qu’au printemps au mieux.
Seul effet « positif » de la pandémie, la lecture a marqué des points et la BD continue à croitre. La BD commerciale bien sûr mais aussi la BD indépendante. À ce titre, les huit albums retenus pour le Fauve d’or représente bien la diversité des romans graphiques.
Huit albums en sélection pour le prix du public Fauve d’or
– Anaïs Nin : sur la mer des -mensonges, de Léonie Bischoff (Casterman). La vie d’une des personnalités les plus fascinantes du 20e siècle. Déjà chroniqué dans l’Anticapitaliste n° 547 (10 décembre 2020).
– Baume du tigre, de Lucie Quéméner (Delcourt). Ald, immigré asiatique et patriarche tyrannique, veille sur son clan avec autorité. Aussi, lorsque sa petite-fille aînée, Edda, annonce qu’elle veut être médecin plutôt que de travailler dans le restaurant familial, sa colère prend des proportions terribles. Bien décidée à s’émanciper, Edda entraîne alors ses sœurs Wilma, Isa et Etta dans un périple loin de chez elles.
– Dragman, de Steven Appleby (Denoël Graphic). Depuis qu’il a trouvé, adolescent, un bas de sa mère dans le sofa, August Crimp a découvert deux choses. La première est qu’il adore porter des vêtements de femme. La seconde est que lorsqu’il le fait, il devient capable de voler mais les choses ne sont pas si simples.
– Kent State, de Derf Backderf (Çà et là). La révolte étudiante contre la guerre du Vietnam sur le campus de Kent. L’armée intervient et tirent sur les étudiants. « Four dead in Ohio ». Déjà chroniqué dans l’Anticapitaliste n° 539 (15 octobre).
– L’Accident de chasse, de Landis Blair et David L. Carlson (Sonatine). Chicago, 1959. Charlie Rizzo doit emménager avec son père aveugle qui a perdu la vue suite à un accident de chasse. Mais le jour où un policier sonne à leur porte, Matt choisit de révéler à son fils la partie immergée de son passé, et la véritable raison de sa cécité…
– Le Mystère de la maison brume, de Lisa Mouchet (Magnani). Une demeure grandiose et abandonnée au milieu d’une zone pavillonnaire. Trois crapules voyeurs et peu scrupuleux décident d’y pénétrer. Trois petits cochons et un méchant loup ? Entre David Hockney, David Lynch et Agatha Christie.
– Paul à la maison, de Michel Rabagliati (La Pastèque). Paul est auteur de bande dessinée. Lucie l’a quitté, sa fille part travailler en Angleterre et sa mère ne va pas bien… Paul à la maison traite du deuil, sous de multiples formes.
– Une Année exemplaire, de Lisa Mandel (auto-édition). 365 jours pour dire bye bye à toutes ses addictions. Des crises de panique, la révolution libanaise, un séjour au Niger et l’apparition du Covid-19 et dur, dur le quotidien de l’année exemplaire !
Bonne(s) découverte(s).
1 – Voir les articles de l’Anticapitaliste en janvier-février 2020 à propos du 47e festival.