Retour sur les bons conseils du président Macron, expert en naufrage.Emmanuel Macron, à l’occasion de son intervention du 6 mai sur la situation du secteur de la culture, a voulu adopter la posture « J’ai de la culture, donc vous voyez, ça m’importe ». C’est ainsi que, désireux de montrer l’étendue de son savoir livresque, le président de la République s’est référé aux aventures de Robinson Crusoé pour expliquer que, dans une situation de crise, il faut faire dans le « concret », le « pragmatique », aller à l’essentiel avec ce que l’on a à portée de main. D’où le déjà culte : « Robinson quand le naufrage est là, il prend d’abord du jambon et du fromage ! »
« Deux très bons fusils de chasse et deux pistolets »
Les lecteurs et lectrices de Robinson Crusoé n’ont sans doute pas manqué d’être étonnés par cette référence. Il est certes vrai que, dans le roman de Daniel Defoe narrant le naufrage et la vie solitaire de Robinson, on trouve quelque chose qui ressemble à ce qu’a dit Macron : « Ayant bien songé à ce dont j’avais le plus besoin, je pris premièrement trois coffres de matelots, que j’avais forcés et vidés, et je les descendis sur mon radeau. Le premier je le remplis de provisions, savoir : du pain, du riz, trois fromages de Hollande, cinq pièces de viande de chèvre séchée, dont l’équipage faisait sa principale nourriture, et un petit reste de blé d’Europe mis à part pour quelques poules que nous avions embarquées et qui avaient été tuées. »
Si l’on considère que la viande de chèvre séchée est une sorte de jambon, et que l’on s’abstient de relever le fait que, pour une fois, Macron n’a pas pensé au blé, on peut estimer que la référence est à peu près correcte.
Mais, étrangement, Macron (ou la personne qui lui a fait sa fiche) semble avoir oublié la suite du roman : « Je pensai ensuite aux munitions et aux armes ; il y avait dans la grande chambre deux très bons fusils de chasse et deux pistolets ; je les mis d’abord en réserve avec quelques poires à poudre, un petit sac de menu plomb et deux vieilles épées rouillées. Je savais qu’il existait à bord trois barils de poudre mais j’ignorais où notre canonnier les avait rangés ; enfin je les trouvai après une longue perquisition. Il y en avait un qui avait été mouillé ; les deux autres étaient secs et en bon état, et je les mis avec les armes sur mon radeau. »
Voilà qui donne une tout autre saveur aux bons conseils du président Macron, expert en naufrage.