Publié le Jeudi 8 décembre 2022 à 00h04.

Vers un 50e festival d’Angoulême décoiffant !

Pour lancer et présenter sa cinquantième édition (du 26 au 29 janvier 2023), le festival de BD d’Angoulême s’est associé à la Bibliothèque nationale de France (Richelieu) à Paris. C’est dans la magnifique salle ovale de la BNF, lieu emblématique du livre, que les organisateurs ont dévoilé un programme et une sélection qui, loin de se reposer sur ses lauriers, veut donner une nouvelle impulsion au 9e art. « L’Anticapitaliste » y était invité.

Un demi-siècle que le Festival d’Angoulême est né et que la BD a basculé du monde de l’enfance à l’âge adulte et à sa reconnaissance comme art. Les ventes de BD en format papier augmentent toujours en France tandis que le chiffre d’affaires de la bande dessinée numérique est devenu, en 2021, supérieur dans le monde à celui du papier. L’univers « mangaka » est lui devenu un pôle majeur artistique du 9e art plébiscité par le jeune public et vérifié à chaque festival. Le devenir de la BD et du festival sera écrit et dessiné par celles et ceux qui le créent à savoir les jeunes artistes et le jeune public. Plus que la célébration d’un passé héroïque et souvent tumultueux, la cinquantième édition veut ouvrir le début d’une nouvelle ère.

Trois quartiers exclusivement dédiés et toujours les bulles et chapiteaux

Un quartier jeunesse dans les Chais Magelis au bord de la Charente. La BD jeunesse qui joue un rôle prépondérant dans la relation à la lecture méritait bien son quartier ! Après, il suffira de franchir la passerelle Corto Maltese pour avancer vers la BD pour ­adolescentEs, c’est-à-dire jusqu’à 97 ans !

Un quartier manga sera installé à proximité de la gare SNCF (non loin de l’endroit habituel) mais sous une halle rénovée dotée d’une bulle spécialement conçue pour cet univers. Maisons d’édition et trois expositions y seront regroupées.

Un quartier du 9e art, place des Halles sur le plateau, rassemblera les galeristes, maisons de vente et revues spécialisées axées sur les productions originales embrassant les qualités d’artistes à part entière des auteurs.

Bulles et chapiteaux des grandes maisons d’édition et des plus petites occuperont toujours le centre-ville.

Des expositions à couper le souffle

« L’attaque des Titans, de l’ombre à la lumière ». Un récit manga exalté au caractère inclassable et aux partis pris graphiques audacieux. Hajime Isayama, le jeune auteur japonais mondialement connu, réalise à Angoulême un rêve ou un cauchemar jamais entrepris ailleurs. À l’Alpha Médiathèque (proche de la gare).

La lauréate du Grand Prix 2022, la québécoise Julie Doucet, présentera une rétrospective de son œuvre qui sonde les âpretés du féminisme pour mieux le transgresser. Bois, linographure, collages seront au rendez-vous en plus des dessins pour mieux vous décoiffer ! (Hôtel Saint-Simon sur le plateau).

À peine remis de vos émotions, Philippe Druillet vous accueillera pour « six voyages » au Musée de la ville et à la chapelle adjacente dans un espace chaotique et paroxysmique pour accéder aux abysses de l’auteur.

En 1974, pour sa première édition, le festival d’Angoulême accueillait une exposition intitulée « L’Esthétique du noir et blanc dans la BD ». 50 ans plus tard, comme en écho, le festival fait place à « Couleurs » à travers une exposition immersive qui salue le travail des « galériens » de la BD, les coloristes. Encore moins bien rémunérés que les dessinateurs et les scénaristes, elles et ils enchaînent les commandes et réalisent souvent des prodiges. Hommage à elles et eux !

Il y aura plus de dix autres expositions à visiter (officielles ou non).

Une sélection de 60 BD pour les différents « fauves » (prix)

La sélection pour cette 50e édition compte plus de 60 albums, tous publiés entre décembre 2021 et octobre 2022, elle privilégie la jeune création et les pronostics sont donc impossibles. La BD Petar et Liza du Croate Miroslav Sekulic, défendue par l’Anticapitaliste1, ne devrait pas revenir bredouille.

Rendez-vous à Angoulême dès le 26 janvier et réservez dès maintenant un hébergement.

  • 1. Voir l’Anticapitaliste n° 614 du 5 mai 2022.