Le bilan du néolibéralisme nous est pourtant interdit par les gouvernements en place, tant la répression, la concentration des médias et la multiplication autoritaire des « conseils de défense » empêchent ce processus à une échelle de masse. Loin de l’agenda imposé par la droite et l’extrême droite et de leurs thèses les plus réactionnaires et racistes, cette rentrée est marquée par la sortie progressive d’un été désastreux qui a marqué les individuEs dans leur chair et nous a plongéEs dans une sorte d’incertitude sans horizon émergent.
Que font les capitalistes ?
Ni les méga-feux et inondations, ni la pandémie de Covid-19 et les milliards de personnes confinées, ni la crise alimentaire mondiale qui menace, ni les vagues de chaleur qui se multiplient et s’intensifient ne les font réagir. Pas plus le fait que l’eau douce est contaminée à l’échelle planétaire, de plastique, pesticides et autres molécules toxiques, rendant son caractère « potable » de plus en plus relatif, ou encore que la biodiversité est en souffrance partout. La sécheresse de cet été serait la pire depuis 500 ans en Europe. Dans diverses régions du monde comme au Pakistan et en Inde, les pluies diluviennes qui se sont abattues inquiètent fortement quant au risque de consommation d’eau souillée et de propagation des virus et bactéries.
Ce n’est pas non plus la baisse d’espérance de vie observée aux USA ou en UE, depuis 2020, qui les inquiète, même si c’est un marqueur d’alerte clé pour l’ensemble des pays, notamment pour ceux du sud global qui ont un niveau de vie et d’infrastructures largement inférieur et qui sont donc d’autant plus vulnérables.
À part de grandes déclarations qui n’aboutissent pas, tel l’achat d’une plus grande flotte d’avions bombardiers et de canadairs, qui en fait ne cesse de se dégrader, rien n’est fait. Ces déclarations sont des pansements technocratiques d’adaptation à la marge à ces catastrophes au lieu de mettre en cause la racine du problème : les gaz à effet de serre en augmentation, les pollutions, la destruction du système de santé, les dégradations des conditions de travail et de vie en général. Bref le système capitaliste.
Quant aux structures scolaires, la pandémie puis la canicule ont fait fermer de nombreuses classes, c’est un seuil d’alerte supplémentaire qui vient souligner le point de bascule que nous sommes en train de vivre en direct. De même que de nombreuses personnes se sont vu contraintes par l’employeur de modifier leurs horaires tôt le matin ou tard le soir, voire la nuit, au détriment de leur journée, de leur vie.
Enfin, voilà que les plans de relance « post Covid », les conséquences de la guerre en Ukraine et divers autres facteurs viennent perturber les approvisionnements et les prix de l’énergie au niveau mondial, notamment en Europe. L’arrêt nécessaire des productions néfastes ou nuisibles pour sortir des fossiles et réduire la consommation d’énergie globale, la charge de travail et bien d’autres aspects clés pourraient être abordés. Mais voilà que Borne et les macronistes nous parlent de fin d’abondance, sous-entendant austérité supplémentaire, alors même que de plus en plus de personnes tombent dans la pauvreté et vivent de restrictions. Quel cynisme !
Dégager des perspectives, une tâche immédiate
Situation difficile du côté des mouvements écologistes qui peinent à mener une offensive structurée sur le terrain des luttes, difficulté du mouvement ouvrier traditionnel à se saisir des questions écologiques et à se structurer comme une force de frappe adéquate dans l’urgence qui nous fait face. À titre d’exemple, aucune revendication ne va dans ce sens dans les « 10 mesures d’urgence » affichées par la CGT. La mobilisation nationale du 29 septembre autour des deux axes « pouvoir d’achat » et « retraites » est pleinement nécessaire pour notre camp social et il nous faut la construire en profondeur. Cependant elle semble assez déconnectée, à ce stade, de la réalité quotidienne que nous vivons tant elle laisse sur la touche le fait que nos conditions d’existences et nos droits déjà insuffisants et très fragilisés peuvent être balayés d’un revers de manche en quelques semaines. Sans parler de la dégradation rapide des écosystèmes. En effet, comment réussir à mobiliser pour les retraites quand la plupart se demandent ce qu’iels vont devenir d’ici 5 ou 10 ans ?
Une écologie radicale, c’est-à-dire radicalement anticapitaliste, est désormais un impératif immédiat. Il y a urgence à renforcer les revendications « traditionnelles » en les réactualisant au regard de la catastrophe environnementale. Par exemple exiger la baisse significative du temps de travail voire l’arrêt du travail sans perte de salaire, au-delà d’une température donnée. Mener des campagnes d’ampleur sur le système de santé et l’environnement. Question de vie ou de mort immédiate pour de nombreuses populations. Il faut s’y investir pleinement.