Publié le Dimanche 18 octobre 2009 à 15h06.

Changements climatiques : les négociations vont dans le mur

Le sommet international de Copenhague qui se tiendra en décembre prochain sera d’une importance capitale quant à l’avenir de la lutte contre les dérèglements climatiques et leurs conséquences sur les populations du globe. La dernière phase de discussion qui s’est déroulée à Bangkok montre les blocages opérés par les principaux pollueurs de la planète.  

Alors que le dernier rapport des Nations unies analyse une aggravation des dérèglements supérieure à celle diagnostiquée par le Groupe international d’étudessur le climat (Giec) et qu’un récent rapport britannique montre que la température globale pourrait augmenter de 4°C d’ici 2060, les grandes puissances font tout pour ne pas être contraintes à opérer les changements nécessaires.

Ainsi, l’alliance entre les États-Unis et l’Union européenne vise à ficeler un accord sans objectifs contraignants, paré uniquement de belles promesses. D’un côté, ces puissances se fixent des objectifs inférieurs aux plus basses recommandations du Giec (l’Union européenne, par exemple), ou refusent tout engagement, comme les États-Unis, la Russie, le Canada ou la Nouvelle-Zélande. De l’autre côté, les grands pays en développement se disent prêts à s’engager sur des objectifs précis.

De fait, il s’agit là de revenir sur un des principes positifs du protocole de Kyoto, celui de la « responsabilité commune mais différenciée » qui enjoignait aux pays industriels de baisser leurs émissions de gaz à effet de serre en priorité, avant ceux du Sud.

Désormais, il s’agit pour les pays industriels d’imposer un accord impliquant à parts égales tous les États, sans tenir compte ni de leur responsabilité historiques ni des niveaux différents de richesses. Jean-Louis Borloo a beau jeu de parler d’un destin du monde qui se jouerait à Copenhague. Laisser le destin du monde dans les mains des industriels, des multinationales et des gouvernements à leur service ne pourra engendrer que de nouvelles catastrophes. 

Qui va payer ?

Au-delà des engagements chiffrés et des moyens pour y parvenir, l’opposition se cristallise entre grandes puissances et pays les plus pauvres, dans lesquels les populations seront les premières menacées, sur la question des financements des fonds d’adaptation nécessaires aux pays pauvres, pour faire face au dérèglement climatique. Là encore, les pays industrialisés refusent d’acquitter leur dette. L’Union européenne propose par exemple que les financements de tels fonds proviennent pour 40 % de l’argent tirés des marchés du carbone, et que le restant des budgets soit à la charge à même hauteur des pays déveleloppés et des pays du Sud.

Autrement dit, les États, quelle que soit leur responsabilité, devront payer la même chose, et surtout la majeure partie de ces fonds reviendra à des mécanismes non seulement inefficaces mais qui de surcroît sont un nouvel outil pour l’impérialisme et permettent aux pays industrialisés de se défausser sur ceux du Sud. Les peuples de ces pays sont ainsi doublement piégés : par l’argent qu’ils devront verser et par la délocalisation des réductions de gaz à effet de serre qui seront à leur charge.

Les propositions des pays africains s’orientent vers une autre logique, puisqu’ils proposent de prélever 5 % du PIB des pays développés pour alimenter les fonds d’adaptation.

De plus, les puissances impérialistes souhaitent que ce soient les institutions à leur service et dans lesquelles elles sont majoritaires qui gèrent ces fonds, en particulier la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Quand on connaît les plans d’ajustements structurels imposés par de telles institutions, on ne peut que refuser fermement une telle perspective. 

Droits des peuples ou droit du plus fort ?

Ne soyons pas naïfs sur les velléités de nombreux gouvernements du Sud de lutter radicalement contre les changements climatiques. Cependant, il est certain que l’unité des pays industrialisés est une arme de guerre contre leurs peuples et qu’ils ne peuvent accepter passivement ce qu’on veut leur imposer.

Mais désormais, c’est d’abord sur l’alliance des peuples, des indigènes, des mouvements sociaux et environnementaux qu’il faut s’appuyer, en toute indépendance vis-à-vis des États. Une manifestation a eu lieu à Bangkok le 5 octobre qui a rassemblé les populations thaïes menacées par de gros projets industriels (barrages, centrales…), la coalition Climate Justice Now, le réseau Via Campesina et des délégations internationales. I

l est urgent de donner le plus d’ampleur possible à ce type de mouvements pour dénoncer les premiers responsables et pour défendre un plan d’urgence de sauvetage du climat à l’échelle internationale.

D’ici à décembre, informer sans relâche et mobiliser sur ces enjeux primordiaux sera une tâche prioritaire pour les militants du NPA, et pour bien d’autres, afin, tout simplement, de faire de ce monde un monde vivable, égalitaire et démocratique.

Vincent Gay