Publié le Vendredi 7 décembre 2018 à 12h30.

Changer le système, pas le climat !

 

Depuis la fin de l’été, avec deux journées de manifestations massives dans toutes les villes les 8 septembre et 13 octobre, la mobilisation pour le climat a repris de la vigueur. Des collectifs citoyens se sont constitués au travers des réseaux sociaux, les associations se sont regroupées pour soutenir ces mobilisations…

Une contradiction insupportable

D’une part, le basculement climatique est désormais visible ici et maintenant. Celles et ceux dont les vies sont soit menacées, soit fortement bouleversées, sont de plus en plus nombreuses et nombreux : victimes des vagues de très fortes chaleurs, habitantEs des régions dévastées par des orages et pluies torrentielles, paysanEs qui voient leur travail détruit par la sécheresse ou les inondations, victimes des incendies de plus en plus nombreux et destructeurs...

De l’autre, l’inaction des gouvernements, à commencer par le gouvernement français, est insupportable, jusqu’à provoquer une indigestion de couleuvres à Nicolas Hulot, le poussant à la démission.

La conclusion s’impose, face à l’urgence il faut agir nous-mêmes ! Les marches du 8 décembre, au moment de la COP24 (du 3 au 14 décembre à Katowice en Pologne), prévues en France et dans le monde se placent  sous le signe de cette urgence, pour « sonner l’alarme climatique ». Elles renouvellent l’alliance entre  un mouvement citoyen et les associations et syndicats qui, dans un texte commun, « s’engagent à rejoindre les mobilisations du 8 décembre et appellent à amplifier le réveil citoyen pour la justice sociale et écologique »

Le NPA soutien ces marches et appelle à y participer massivement partout. 

Macron = injustice sociale + inefficacité écologique + mépris de classe

Macron et son gouvernement voudraient dresser les unEs contre les autres, celles et ceux qui se mobilisent pour le climat contre les Gilets jaunes, présentés comme incapables de se soucier de la « fin du monde ». Il se pose en champion de la lutte contre le changement climatique et proclame la nécessité de nous « désintoxiquer des énergies fossiles ». Mais derrière les discours, c’est toujours la même politique productiviste, pro­nucléaire qui est poursuivie. 

La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui fixe le cap énergétique des dix prochaines années, n’annonce aucune fermeture de réacteur d’ici 2022, à part Fessenheim, et se limite à la fermeture d’une tranche par an à partir de 2025. Macron estime que le nucléaire est « une piste prometteuse » et que « l’EPR doit faire partie du bouquet d’options technologiques pour demain ». L’évocation de la réduction des énergies fossiles n’a comme seul effet que de maintenir et développer le nucléaire. Pour preuve le volet transports de la PPE dans lequel Macron réaffirme son soutien au tout-routier quand il déclare que« notre stratégie ne peut et ne doit être de se déplacer moins » et que « la voiture a un avenir en France » pour mieux promouvoir la voiture électrique comme solution miracle. Celui qui se moque de la « fin du monde » et mène une politique climaticide au service de l’industrie nucléaire, pétrolière et automobile, c’est Macron. 

Il se moque aussi des « fins de mois » ou plus exactement il utilise l’alibi écologique pour accroître les inégalités sociales avec une fiscalité carbone injuste envers les plus pauvres. D’ailleurs la vérité sort de la bouche de François de Rugy : « La fiscalité écologique n’a pas vocation à résoudre les inégalités ». C’est le moins qu’on puisse en dire ! Mais elle n’a visiblement pas non plus vocation à résoudre la crise climatique. 

Pour la justice sociale et climatique

Pas un mot n’est dit sur le transport routier de marchandises. Le transport aérien et naval n’est ni comptabilisé dans les émissions des gaz à effet de serre, ni taxé ! Le kérosène est exonéré. Ajoutons que des masses d’argent public sont gaspillées dans des projets inutiles et climaticides comme le Grand contournement ouest de Strasbourg ou de nouveaux projets autoroutiers validés par la « loi d’orientation des mobilités » et prévus d’être engagés d’ici cinq ans. Enfin le « marché carbone européen » permet aux grandes entreprises polluantes de la sidérurgie, du pétrole, du ciment, de l’aviation... grâce à des quotas à bas coût voire gratuits, de bénéficier d’un régime « pollueur-payé » comme le dénonce à juste titre Attac. 

Cette stratégie de la division, de la stigmatisation et du mépris de classe est celle d’un gouvernement rejeté parce qu’il est au service d’un système, de plus en plus illégitime, injuste et destructeur de nos vies et de la vie. 

Activistes pour le climat ou mobilisés contre la dégradation des conditions de vie, nous avons touTEs intérêt à nous rejoindre, à débattre et à porter ensemble nos exigences pour l’urgence et la justice sociale et climatique. 

Converger, vraiment, maintenant !

La conjonction du mouvement des Gilets jaunes, des marches pour le climat, des mobilisations contre le racisme dans leur diversité, et du mouvement féministe, est une chance à saisir, à condition qu’aucune des questions n’efface, ne nie ou ne prétende englober les autres. Quand on se mobilise, quand on descend dans la rue, quand on s’affronte au même pouvoir, à la même répression policière, on crée les conditions de la disponibilité aux revendications des autres, de la rencontre de nos résistances pour qu’elles se mêlent, se respectent, se renforcent et ­s’enrichissent mutuellement.  

La convergence n’est pas auto­matique. C’est le rôle essentiel de celles et ceux qui veulent porter un projet global de transformation sociale, qu’ils et elles soient syndicalistes ou militantEs politiques, de tout faire pour qu’il intègre pleinement l’écologie et la lutte contre toutes les oppressions et discriminations.

L’avancée de la catastrophe climatique fait peser sur l’humanité, en plus des dégâts climatiques, le danger de fausses solutions capitalistes lourdes d’encore plus d’injustices sociales, comme l’accaparement des terres agricoles pour développer des monocultures destinées à absorber le CO2, la menace du déplacement forcé pour des millions de personnes menacées par la montée des océans, et par-dessus tout, dans un tel contexte, le risque de régimes autoritaires. 

L’alternative écosocialiste

Nicholas Stern, ex-vice-président de la Banque mondiale, a écrit : « Le changement climatique est l’échec le plus grave de l’économie de marché ». Cet échec pose plus que jamais la nécessité d’une alternative globale. Une alternative que nous appelons écosocialisme. Il est à la fois un programme de revendications anticapitalistes pour la socialisation des secteurs principaux (énergie, transports, finance...), la suppression des productions inutiles et la gestion commune pour décider de comment produire ce qui doit l’être pour prendre soin des êtres humains et de la Terre. Parce que ce programme ne saurait être imposé par en haut, il est aussi une stratégie de lutte basée sur la mobilisation, la démocratie et l’auto-organisation des exploitéEs et des oppriméEs. Enfin, il est le projet d’une société désirable, plus riche en qualités humaines, basée sur les valeurs de la dignité humaine, de la solidarité, de la liberté et du respect de la Terre.

Commission nationale écologie