Publié le Dimanche 21 mars 2010 à 12h18.

Climat : les « climato-sceptiques »

Les « climato-sceptiques » seront là aussi longtemps que la planète continuera de chauffer.Régulièrement, les climato-sceptiques reviennent sur le devant de la scène, propulsés par des médias en manque de contradicteurs sur un enjeu de société majeur : le dérèglement climatique. Ils crient au complot des élites, à l’imposture, se glissent dans chaque petite faille qu’ils peuvent détecter alors que les scientifiques disposent d’un ensemble de données convergentes qui prouve que la menace est réelle. S’il y a complot, il faudra nous expliquer comment le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), qui fait autorité en la matière, a réussi à embarquer les 194 pays membres depuis plus de 20 ans ! Rappelons que chaque rapport du Giec fait l’objet d’un vote en assemblée plénière : à ce jour, tous les rapports ont été votés à l’unanimité, même par les États-Unis ou l’Arabie saoudite qui n’ont pas particulièrement intérêt à ce qu’on dénonce les méfaits des hydrocarbures. Les climato-sceptiques avancent des arguments peu étayés et souvent faux1. Ils jouent sur le fait que la science progresse par des débats et des théories qui peuvent se contredire. Pourtant la compilation des données scientifiques a permis de créer des modèles climatiques capables de rendre compte des évolutions du passé. Et de rapport en rapport, les tendances climatiques prévues par les simulations informatiques du Giec se révèlent justes…

Le débat glisse donc du terrain scientifique à celui de l’idéologie : pour ceux qui ne veulent rien changer, il s’agit de croire et de faire croire, que l’on pourra rester assis sur la branche que l’on est en train de scier. De fait, le dérèglement climatique est une très mauvaise nouvelle pour le système et ses promoteurs. Les libéraux qui vivent le monde comme un terrain de jeu et d’enrichissement mettant à disposition les ressources naturelles et les êtres humains, ne peuvent voir que d’un mauvais œil une réalité qui invite à la modération, voire à l’abstinence pour certaines productions.

Par conséquent, la tentation est très forte de nier le réchauffement climatique, car c’est une donnée qui s’oppose à leur stratégie de vie. S’équiper d’œillères rend alors possible la fuite en avant. Ne pouvant plus aujourd’hui nier le réchauffement sans se discréditer (ce qu’ils ont pourtant fait pendant longtemps), ils nient maintenant l’implication des activités humaines dans le processus ou, à bout d’arguments, la dangerosité d’un basculement climatique. Le succès que les négateurs rencontrent auprès d’une partie importante de la population est inévitable. Le désir de ne pas remettre en question ses conditions de vie quand on s’en satisfait est vieux comme le monde. Et la perspective d’un avenir incertain n’est pas facile à accepter.

Car la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre suppose de repenser radicalement nos modes de production. Cette transition, pour qu’elle soit à la hauteur des enjeux, implique un véritable bouleversement de nos modes de vies. Certains pensent pouvoir le faire par une simple reconversion du système au moyen d’un capitalisme vert. Nous pensons que l’impératif de diminution de 75 % des émissions de gaz à effet de serre pour les pays industrialisés ne sera pas réalisable en maintenant la logique d’accumulation propre au capitalisme. L’heure de comprendre que nous butons sur les limites de la biosphère a largement sonné. Le réchauffement climatique n’est qu’un des aspects de la crise écologique globale (chute de la biodiversité, pollutions, surexploitation des stocks, dégradation des sols…). Il est évident que cette crise va servir de prétexte pour nous imposer des restrictions qui ne servent qu’à entretenir un système en faillite.

Mais ne nous trompons pas de combat : il faut lutter contre les réformes injustes et inefficaces comme la taxe carbone, mais nous devons comprendre en parallèle que la transformation de la société ne pourra pas se faire sans une redéfinition des rapports entre les sociétés et leur environnement. Cette donnée nous impose de sortir du productivisme et de la surconsommation qui découle de la logique du « toujours plus » inhérente au capitalisme. Cette évolution ne pourra pas se faire sans justice sociale, car on ne pourra pas demander à certains de changer de mode de vie si d’autres continuent de dilapider les ressources.

En matière d’écologie, le programme du NPA pourrait se résumer ainsi « Protéger les ressources - Partager les richesses ». Pierre Kohmiju1. Pour des réponses à la plupart des arguments des climato-sceptiques, se référer au site www.europe-solidaire.org