Le 5e rapport du Groupe d’experts international sur l’évolution du climat (GIEC) rendu public récemment certifie à plus de 95 % que le réchauffement est dû principalement à « l’activité humaine » (90 % précédemment). En effet, les facteurs naturels expliquent seulement une hausse de température de 0,1°C depuis la période pré-industrielle sur les 0,85°C de hausse réellement observée.
La bonne nouvelle de ce rapport, c’est que des mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) permettraient encore de rester sous le seuil de 2°C de hausse de la température par rapport à la période pré-industrielle. Mais cela est à relativiser car les gouvernements sont moins prêts que jamais à prendre les mesures en question, et les conséquences d’un réchauffement inférieur à 2°C sont plus sévères que ce qu’on pensait jusqu’à présent. On peut affirmer que le niveau des océans était plus élevé de 5 à 10 mètres lors du dernier interglaciaire, il y a 120 000 ans quand il faisait plus chaud de 1 à 2°C… Ce « résumé pour les décideurs » le confirme, la hausse du niveau des océans est l’une des conséquences les plus redoutables du réchauffement. Dorénavant, les spécialistes misent sur 28 à 98 cm… et plus, si la calotte glaciaire de l’Antarctique Ouest devient aussi instable que celle du Groenland.Selon Anders Levermann, coordinateur du chapitre « niveau des océans » dans le rapport du GIEC, tout degré de hausse de la température par rapport à la période pré-industrielle entraînera inévitablement une élévation finale de 2,3 mètres du niveau des mers. Nous avons déjà gagné 0,85°C et le rapport, rappelons-le, mise sur 4°C d’ici la fin du siècle. Si Levermann a raison, il en découlerait une montée du niveau des mers de près de dix mètres !Les menaces contre les zones côtières où vit la plus grande partie de l’humanité ne sont évidemment pas la seule source d’inquiétude mais elles rendent encore plus nécessaire la liberté de circulation et d’installation (on estime à 200 millions le nombre de réfugiés climatiques avec +2°C !). Le rapport confirme les autres impacts du réchauffement : plus de sécheresse dans les régions arides, plus de précipitations dans les régions humides, accentuation des phénomènes météorologiques extrêmes, acidification des océans, affaiblissement des courants marins (comme le Gulf Stream), etc.
Deux options
Soit nous restons dans la logique capitaliste d’accumulation, et le dérèglement climatique restreindra radicalement le droit à l’existence de centaines de millions d’êtres humains, les générations futures étant condamnées à essuyer les plâtres de la fuite en avant dans des technologies dangereuses.Soit nous sortons du capitalisme en restreignant radicalement la sphère et le volume de la production capitaliste, et il est possible de limiter au maximum les dégâts du réchauffement tout en garantissant un « bien vivre » pour l’humanité, en se basant essentiellement sur les énergies renouvelables (il faut baisser de 40 % nos émissions de GES d’ici 2020 et de 95 % d’ici 2050 pour la France) dans la perspective d’une société basée sur une autre économie du temps.Pour cela, il paraît essentiel d’établir les fondements d’une stratégie écosocialiste1 et de se saisir de la Conférence Paris Climat 2015 pour en faire un moment de mobilisation d’une ampleur historique.
CorrespondantEs de la commission nationale écologie1. Daniel Tanuro, Les fondements d’une stratégie écosocialiste : http ://www.europe-solidaire.org/spip.php ?article20954