Publié le Mercredi 12 juin 2024 à 18h00.

Climat... un cocorico de trop !

La France a réduit sur son territoire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 5,8 % entre 2022 et 2023, mais en délocalisant une partie de ses émissions. Il n’en fallait pas plus à la macronie pour attribuer cette baisse à la politique du gouvernement, pourtant nulle en la matière.

 

La réduction des émissions de GES est due au ralentissement de l’activité économique, à l’inflation, en particulier du prix des matières premières, qui a contraint les ménages à sacrifier les dépenses de chauffage et de transport. Le redémarrage de réacteurs nucléaires mis à l’arrêt a diminué les émissions de GES dans la production d’électricité. Tout cela fait dire à Anne Bringault, directrice au Réseau Action Climat, que « la baisse est conjoncturelle et non structurelle ».

Des émissions mondiales en hausse

L’Agence internationale de l’Énergie annonce que les émissions mondiales de GES liées aux énergies ont atteint un nouveau record avec une hausse de 1,1 % entre 2022 et 2023. Les baisses des émissions dans les pays européens et aux États-Unis sont en réalité plus que compensées par des augmentations ailleurs dans le monde, en particulier en Asie. Cette redistribution néocoloniale des émissions de GES est notamment due à l’extraction de métaux nécessaires à la soi-­disant transition énergétique.

Que dit le GIEC ?

Une étude publiée le 5 juin dernier révèle que le seuil critique de 1,5 °C sera atteint plus vite que prévu. Mai 2024 a été le mois le plus chaud jamais enregistré. Le programme européen Copernicus parle de planète en ébullition dont la température générale à la surface du globe aurait atteint les + 1,52 °C par rapport au début de l’ère industrielle. Antonio Guterres (ONU) a récemment déclaré : « Nous jouons à la roulette russe avec notre planète. Non seulement nous sommes en danger, mais nous sommes le danger ». De plus, les puits naturels absorbent moins de carbone du fait des sécheresses, des incendies et des prélèvements excessifs en eau.

La compensation carbone n’y changera rien !

La compensation carbone existe depuis le protocole de Kyoto en 1997 et n’a pas empêché la montée des températures. Faire croire que compenser les émissions de GES sans remettre en cause la source même de leur production est une farce. La complexité du calcul des émissions réellement capturées ou évitées et le manque de transparence des projets « bas carbone » renforcent le tour de passe-passe. Les « crédits carbone » permettent de donner bonne conscience aux pollueurs en laissant croire que planter des arbres permettrait de  compenser les dégâts irréversibles commis.

Défendre un programme

Pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut agir sur les causes donc sortir du système qui les produit. Se nourrir, se loger, se déplacer, se divertir, se cultiver, se vêtir, se soigner... ne doivent plus être régis par la logique marchande du capitalisme. Il existe une autre façon d’habiter la planète, en respectant le vivant. Nous ne partons pas de rien. Les multiples expériences et réflexions collectives tracent des pistes.