Publié le Mercredi 17 mai 2017 à 10h10.

Climat : Une conférence de plus... mais toujours pas la bonne !

Lundi 8 mai à Bonn en Allemagne, 196 États membres ont ouvert la session annuelle de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)...

Il s’agit pour eux de discuter de la décision prise lors de la COP22 de Marrakech en 2016, de poursuivre les discussions pour avancer sur le manuel de mise en œuvre de l’accord de Paris de 2015 (COP21), afin de se mettre d’accord sur le contenu du « dialogue facilitateur », sorte de bilan intermédiaire basé sur le volontariat, programmé pour 2018, avant le bilan mondial... prévu en 2023 ! De quoi faire croire qu’ils agissent...

Une catastrophe déjà là

Encore une fois, comment accorder la moindre confiance à des gouvernants empêtrés dans des démarches aussi inefficaces et ridicules ? De conférences internationales en sommets mondiaux, leurs politiques se résument à des déclarations d’intention vides, à une autosatisfaction criminelle, à des shows médiatiques orchestrés. Incapables d’opposer une résistance à la voracité sans fin des grands groupes industriels et financiers, quand ils n’en sont pas de fidèles représentants malléables à volonté, ils s’ingénient à mettre en scène leur spectacle sans rien changer au scénario capitaliste.

Un des enjeux de la future COP23 de Bonn sera le financement des différents fonds d’aide à la transition énergétique des pays du Sud, premiers à subir les effets dévastateurs de la montée des températures. C’est d’autant plus mal parti de ce côté-là aussi, que les pays du Nord peinent à abonder le Fonds vert de 100 milliards de dollars par an, une promesse prise à Copenhague en 2009.

Pourtant, tous les indicateurs du réchauffement sont au rouge, de l’intensification des catastrophes météorologiques aucunement naturelles à la hausse du niveau des mers. Ainsi, une étude d’une équipe franco-suisse conduite par Anny Cazenave du Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales de Toulouse, est la première à déceler une accélération du rythme d’élévation des océans depuis le début des observations satellites en 1993.

Ainsi, la récente coulée de boue meurtrière en Colombie, les inondations au Pérou, en Californie, après des sécheresses à répétition, des cyclones à Madagascar, en Nouvelle-Zélande, des tempêtes mortelles en Afghanistan, au Mozambique, des vagues de chaleur qui déclenchent des incendies au Chili, en Australie… mais aussi la menace de disparition d’îles du Pacifique, de villes comme Amsterdam, New York… sont les conséquences directes du basculement climatique provoqué par un système économique basé sur l’exploitation et l’utilisation à outrance des énergies fossiles, des ressources du sol et du sous-sol et qui produit une augmentation problématique des gaz à effet de serre.

De Trump à Macron, droit dans le mur

Trump prévoit de « mettre fin à la guerre contre le charbon » et de relancer le pipeline Keystone XL, met en service l’oléoduc du Dakota du Nord et autorise les forages en mer ouvrant la voie à l’exploitation de l’Arctique... À la Maison Blanche, le débat oppose les tenants de la sortie de l’accord de Paris à ceux qui veulent profiter de la manne économique que représentent les énergies renouvelables et les nouvelles technologies. Il y a donc de quoi être bien plus qu’inquiet.

CertainEs veulent se rassurer en comptant sur Macron pour « insuffler de l’énergie dans le processus de discussion »... alors que, fin 2015, il a accordé trois permis de recherches d’hydrocarbures et prolongé deux autres. Aujourd’hui, il promet des mesurettes : renforcer les normes antipollution des véhicules neufs, augmenter la taxe carbone, fermer les centrales à charbon d’ici 5 ans, interdire l’exploitation des gaz de schiste… Rien de nouveau donc. Devant le congrès de la FNSEA, fin mars, il affirme qu’il y aura toujours deux types d’agriculture, dont une « intensive qui exporte ». Pourtant, cela n’alarme pas les écolos compatibles avec n’importe quel gouvernement – Cohn-Bendit, Pompili, Lepage, de Rugy –qui acceptent la défense du nucléaire qualifié de « source d’énergie importante qui a un avenir en France » par le futur président...

C’est au mouvement social de conjuguer la lutte pour la justice climatique et pour la justice sociale, de discuter de comment arrêter l’extractivisme et la course au productivisme. Ensemble, nous pouvons porter la seule réponse réaliste : sortir du capitalisme pour mettre en place les conditions d’une société écosocialiste. Ici ou ailleurs, il faut encourager et amplifier les luttes environnementales et sociales.

Commission nationale écologie