Le document préparatoire à la COP 21 est clair : le réchauffement climatique ne préoccupe pas les dirigeants du monde. En effet, le texte ne prévoit aucun objectif contraignant chiffré, alors que les experts du climat ont défini des objectifs à atteindre et une feuille de route précise pour limiter la hausse de la température à + 2° d’ici 2100. Mais leurs préconisations sont ignorées.
L’urgence de la situation nécessite pourtant la mise en place de mécanismes de révision pour ajuster les objectifs (déjà insuffisants) de baisse des émissions, en fonction des résultats. Pour cela, il faudra attendre 2023-2024. Autant dire que d’ici là, des records d’émissions de carbone pourront être battus, sans vergogne. En outre, un paradoxe énorme mais tellement révélateur du manque de volonté politique des gouvernants éclairera celles et ceux qui auraient encore des illusions : le texte n’évoque jamais les énergies fossiles pourtant responsables de + 80 % des émissions de CO2 ! Et pour cause.
A la base même du système capitaliste, le gaz, le pétrole et le charbon génèrent une énergie peu chère car hyper subventionnée (700 milliards par an de subventions publiques) et dégagent des profits colossaux. Les mettre en cause impliquerait d’en finir avec leur exploitation. Intolérable pour les grands groupes gaziers, charbonniers et pétroliers ! De la même manière, la COP 21 continue d’épargner les secteurs de l’aviation et du transport maritime (près de 10 % des émissions de CO2) qui sont essentiels à l’économie capitaliste mondialisée.
On continue ?
Le texte ne présente aucun plan pour le développement des énergies renouvelables, alors même que leur déploiement pourrait fournir 80 % de l’énergie mondiale, d’après les scientifiques du GIEC. Un renoncement criminel devant la toute puissante OMC, en embuscade, qui a déjà cassé plusieurs plans nationaux et régionaux de soutien aux énergies renouvelables, car non conformes aux règles du commerce international.
Autre exemple, les « émissions nettes zéro » montrent que les mesures de compensation carbone, aussi inutiles au nord que néfastes au sud, sont encore mises en valeur. Les industriels pourront continuer à produire sans se soucier de l’impact sur le climat, dès l’instant qu’ils « compenseront » leurs émissions de CO2 par des plantations d’arbres dans des pays où les droits fonciers inexistants leur permettent de spolier les populations indigènes qui seront ainsi privées de leurs terres, donc empêchées de les cultiver. Si le bilan carbone s’annule, les pollueurs s’en sortiront avec la conscience tranquille du devoir onusien accompli.
Pas une ligne non plus sur le nucléaire, puisque les Etats réunis lors de la COP 21 n’aborderont pas le sujet. Pourtant ce sont les mêmes qui, en bons VRP de l’atome, présentent le nucléaire comme une solution au réchauffement climatique. Tant pis si les 436 réacteurs dans le monde ne fournissent que 12,5 % de l’électricité mondiale, avec tous les accidents, les milliers de morts et de malades, avec les risques de catastrophes encourus, avec l’insoluble problème des déchets, avec l’approvisionnement en uranium en voie de raréfaction, avec les risques de guerres et les tombereaux d’argent public englouti. Tout ça pour un rendement de 30 % ! (70 % perdus en chaleur dans les tours de refroidissement).
Non, vraiment, la COP 21 et ses opérations marketing ne changeront rien au déroulement de la catastrophe climatique annoncée : une remontée des océans telle que des millions de personnes dans les pays du sud, déjà durement touchés par la spoliation impérialiste, périront ou devront migrer. Nous laissons à Ségolène Royal et toutes les fidèles marionnettes des capitalistes leurs déclarations stupides : « nous comptons sur la créativité et l’intelligence des entreprises, sur les investissements dans tous les secteurs de la croissance verte, parce que les solutions viennent de là. »
Il est vraiment temps de prendre nos affaires en main. Les possédants menacent froidement l’humanité. Les gouvernements et les élus sont incapables de prendre des mesures significatives dès l’instant qu’elles entrent en opposition avec les intérêts industriels et financiers des puissants. Nous devons leur retirer leurs pouvoirs de nuisance et organiser l’appropriation publique sous contrôle démocratique des secteurs de l’énergie et de la finance. Cela ne se fera pas tout seul ! Nous devons déployer nos forces militantes pour construire, avec d’autres, un large mouvement pour la justice climatique, une mobilisation d’en bas pour imposer de changer le système, de sortir des énergies fossiles et du nucléaire, de sortir de l’agriculture industrielle. Ce mouvement doit grandir et prendre de la force. C’est la bataille que nous devons gagner avant, pendant et après la COP21.
La Commission nationale écologie du NPA