« Le monde retient son souffle, il compte sur nous... » Et le monde leur répond « pffff ! », balayant le fétu de mots. Les chefs de gouvernement des pays influents veulent faire croire que l’accord signé samedi 12 décembre au Bourget est porteur de solutions pour le climat. Mais leur grandiloquence est proportionnelle à l’absence de perspectives efficaces pour contrer la hausse des températures.
La mise en scène de leur spectacle, où ils posent et répètent à l’envi que l’accord signé est historique, ne réussit pas à masquer la réalité...
Derrière l’opération de communication
Les intentions ne valent rien, vu la place des énergies fossiles dans le système capitaliste. Les entreprises charbonnières, gazières et pétrolières, ne vont ni se laisser déposséder des profits énormes qu’elles espèrent encore tirer, ni renoncer aux investissements déjà en cours (plus de 1 000 milliards de dollars).
L’accord stipule que « le pic des émissions de GES devra être atteint dès que possible » : aucun engagement chiffré... On a pour la deuxième moitié du siècle un objectif d’équilibre entre les émissions d’origine humaine et leur absorption par des puits de carbone : océans (déjà trop acidifiés), forêts (en voie de disparition) et enfouissement du CO2, mirage technologique qui ne fera que reporter les problèmes. En outre, les engagements des États mis bout à bout permettront, au mieux, un réchauffement de 3 °C. On est bien loin des 2 °C claironnés par Fabius et Royal et repris par les médias. Et un mécanisme de révision sera mis en place tous les cinq ans... mais pas avant 2025, c’est dire !
Si Hollande et son gouvernement menaient autre chose qu’une opération de communication, ils engageraient des mesures pour réduire les émissions de GES : renoncement à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, aux LGV, aux autoroutes, aux fermes usines, aux projets d’exploitation de gaz de schiste, aux barrages inutiles, aux parcs d’attraction grandioses, aux subventions des énergies fossiles, à la construction des EPR, et à la poursuite du nucléaire… Ils prépareraient le développement massif des énergies renouvelables pour couvrir 100 % de la production électrique, la rénovation et l’isolation des bâtiments, la construction de logements à basse consommation, le développement des transports en commun gratuits, la reconversion de l’agriculture et la baisse du temps de travail…
Seules nos luttes pourront l’obtenir !
Malgré l’état d’urgence et les interdictions, la journée du 12 décembre a fait la démonstration que la mobilisation n’est pas seulement indispensable, elle est possible, et enthousiasmante par la jeunesse, la diversité, le dynamisme et la détermination des participantEs. Une détermination qui a contraint le gouvernement à reculer pas à pas sur les interdictions...Vendredi, nous avons appris que le rassemblement du lendemain 14h au Champ-de-Mars, appelé par Alternatiba, était finalement autorisé. Samedi, à 11h30, on était informé que l’action « lignes rouges » prévue pour midi sur l’avenue de la Grande-Armée, n’était plus interdite... Puis pour se rendre d’une initiative à l’autre, nous avons pu manifester (tout un symbole) en plein 16e arrondissement, entre la Porte Maillot et le Trocadéro.
Au total, ce sont plusieurs dizaines de milliers de manifestantEs qui ont porté un message radical, incontestablement anticapitaliste, avec au cœur le mot d’ordre « changer le système pas le climat », résolument internationaliste… Le meeting de clôture au Champ-de-Mars annonce la poursuite des mobilisations qui ne s’arrêteront pas avec la COP21, mais vont au contraire « se développer et se multiplier dans les mois et années qui viennent ». Ces mobilisations porteront sur plusieurs thématiques : politiques énergétiques et énergies renouvelables, migrations, souveraineté alimentaire et agroécologie paysanne, urbanisme et transports publics, politiques de commerce et d’investissement, etc.
D’ores et déjà, de nombreux rendez-vous d’action sont fixés au niveau local, national et international. Les différents réseaux qui se sont mobilisés à l’occasion de la COP21 en France et au niveau international ont déjà décidé d’une prochaine réunion à Berlin mi-février 2016 pour étudier les thématiques et les actions sur lesquelles il serait possible de se rassembler. Une première date est retenue du 7 au 15 mai pour des actions partout dans le monde contre les énergies fossiles, puis en octobre pour un grand rassemblement contre l’EPR de Flamanville. Au-delà, c’est la question d’un mouvement global pour la justice climatique qui est posée. Les anticapitalistes doivent y prendre toute leur place.
Commission nationale écologie