Opération de com’ du gouvernement Valls-Hollande, la COP21 accueille sous la présidence de Laurent Fabius, pendant deux semaines, un parterre de chefs d’État et de multinationales, pour « négocier » en vue d’un accord sur le climat.
La conférence a commencé ses travaux avec 24 heures d’avance : il y a du pain sur la planche pour trouver un accord permettant au moins de sauver la face, à défaut de sauver le climat, ce qui n’est pas le sujet, comme on l’a bien compris.
Rien à attendre de cette conférence
Depuis un an, de nombreuses réunions ont eu lieu. Elles avaient abouti à un texte court, 20 pages qui pouvaient ressembler à un accord, mais totalement unilatéral et inacceptable pour les pays les plus touchés. Le texte a donc été copieusement rallongé et fait, à l’ouverture de la COP, 55 pages avec de nombreuses options contradictoires, les fameux crochets.Évidemment, il n’y a rien à attendre de cette conférence qui débouchera au mieux sur un accord non contraignant. Elle se contente d’enregistrer les contributions volontaires des États (les INDC), qui aboutissent à une augmentation de la température autour de 3° (alors que le seuil de dangerosité est estimé à 2° voire 1,5°) et qui plus est sans aucune mesure de contrôle pour garantir qu’il soit réellement respecté.Le pré-accord parle d’une « trajectoire d’émissions basses adaptées au climat », du baratin juste bon à masquer l’essentiel : le refus d’abandonner les énergies fossiles, le refus de laisser dans le sol les 4/5 des réserves connues de charbon, gaz et pétrole. Pourtant hors de cette voie, aucun salut pour le climat !
Une censure politique, un déni de démocratie
C’est cette exigence, celle de « changer le système, pas le climat », que voulaient exprimer les dizaines de milliers de manifestantEs qui se préparaient à défiler dans les rues les 28 et 29 novembre, à Paris et dans toutes les villes.La contestation grandissante autour de ce sommet commençait d’ailleurs à être une épine dans le pied du gouvernement, qui craignait que sa communication huilée soit mise à mal par des mobilisations de masse. Celles-ci pourraient effectivement rappeler à quel point nous ne faisons pas confiance à la COP21 pour régler le problème, et encore moins à ce gouvernement qui se présente sans rire comme le sauveur du climat... tout en poursuivant sa politique de casse sociale et environnementale, à commencer par l’annonce de la reprise des travaux de Notre-Dame-des-Landes.Ainsi, dès mercredi 18 novembre, le gouvernement s’empressait d’annoncer l’interdiction des marches pour le climat pour de prétendus motifs de « sécurité », tout en maintenant la COP elle même. Et alors que les premières perquisitions qui ont suivi la mise en place de l’état d’urgence avaient servi à s’en prendre non pas à de potentiels terroristes mais pour régler des « affaires courantes » (trafic de drogue…), l’absence de réaction a permis au gouvernement de passer à l’étape supérieure : multiplication des perquisitions dans la mouvance écologiste, et assignations à domicile de 26 militants écologistes qui auraient pu avoir la mauvaise idée de manifester pour le climat.Les préfectures ne se sont pas gênées pour communiquer abondamment sur les interdictions et les peines encourues, histoire de décourager voire d’effrayer toutes celles et ceux qui voulaient manifester à cette occasion.Des marches et rassemblements dans tout le paysCes attaques, extrêmement graves contre les libertés démocratiques les plus élémentaires, ont suscité des réactions diverses selon les villes, entre recherche d’alternatives, transformation des marches en chaînes humaines ou en simples rassemblements, voire maintien de la marche malgré l’interdiction, avec souvent plusieurs de ces réactions à la fois. Dans plusieurs villes comme Nantes, Toulouse ou Paris, la mobilisation a ainsi combiné à la fois une chaîne humaine et une manifestation improvisée.Les résultats sont contradictoires. D’une part, il est clair que les lourdes menaces ont largement démobilisé et affaibli numériquement la mobilisation, qui est bien en deçà de ce qui pouvait être espéré. Elles ont ainsi privé le mouvement pour la justice climatique en train de se construire d’une démonstration de force, de la visibilité d’énormes manifestations de masse, de la force et de la confiance en soi apportées par un succès.Mais d’autre part, la volonté commune de ne pas baisser les bras et ne pas se laisser bâillonner, la satisfaction d’avoir maintenu des actions, ont renforcé les liens et pour beaucoup tiré les choses au clair : ce gouvernement est bien un ennemi de la justice climatique. Pas de sauvegarde du climat sans affrontement central avec le gouvernement et les capitalistes !
Commission nationale écologie