« Cette COP est déjà en partie un succès, dans la mesure où elle se tient effectivement et est la plus vaste jamais organisée », dixit Fabius... L’expert en enfumage prépare déjà le terrain, car il sait bien que la COP21 ne servira à rien.
Alors que les experts climatiques exhortent les gouvernements à prendre rapidement les décisions pour limiter la hausse de température à 2 °C d’ici 2100 (certains préconisent 1,5 °C), les dirigeants du monde sont bien incapables de prendre les mesures nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables de la hausse de la température. Et les 48 pages du document provisoire sorti samedi 5 décembre révèlent une fois encore toute leur incapacité.
Déclarations d’intention, absence de contrôle
La première difficulté concerne la question du financement du fonds vert qui doit aider la transition énergétique des pays du sud. Il y a bien longtemps qu’on a renoncé à stopper le dérèglement, nous en sommes, qu’on le veuille ou non, à la période d’adaptation... On est loin des 100 milliards par an espérés. Les pays du nord (Europe, États-Unis, Japon) renâclent à payer et veulent du coup élargir la base des contributeurs aux pays émergents (Inde, Brésil, Chine), minimisant ainsi leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique. Les pays émergents refusent de sacrifier leur récente croissance. Difficile donc d’abonder ce fonds.Autre problème, les engagements des États ne sont que des déclarations d’intention puisque des pays refusent un accord juridique contraignant et qu’aucun mécanisme de contrôle n’est prévu. Dans ces conditions, les États peuvent annoncer n’importe quoi, aucune clause de revoyure n’est inscrite. D’autre part, les pays producteurs de pétrole (Arabie saoudite, Canada) qui ne sont pas prêts à renoncer à leur manne financière, se montrent réticents à limiter l’exploitation des énergies fossiles. De même, la fixation d’un prix du carbone restera en dehors des négociations.Pour nous, cette taxation du CO2 est inefficace écologiquement et injuste socialement, mais c’est le dispositif privilégié par ceux qui, comme EELV, pensent pouvoir contenir les nuisances du capitalisme dans des limites acceptables pour la planète. Pourtant, elle ne figure pas dans le document préparatoire à l’accord international final. Nicolas Hulot, la voix de ses maîtres, trouvera bien une explication...
Les « solutions » du capitalisme vert
Dernière faiblesse du rapport, le refus d’arrêter de subventionner les énergies fossiles. Pas étonnant : parmi les pays réunis au Bourget se trouvent les pays du G20 qui dilapident l’argent public dans les énergies fossiles à hauteur de 452 milliards de dollars par an (rapport d’Overseas Developpement Institute).D’ailleurs, ces entreprises – qu’on retrouve parmi les sponsors de la COP21 – étaient à la manœuvre, avec d’autres, le week-end des 4 et 5 décembre, au « salon des solutions COP21 », multipliant les conférences et les expositions pour vendre leurs « solutions » : séquestrer le CO2, compenser les dégâts infligés à la biodiversité, négocier les permis à polluer, soutenir les agrocarburants.La croissance verte représente une vraie opportunité pour les capitalistes qui espèrent ainsi trouver de nouveaux marchés lucratifs. La COP21 leur ouvre les portes, les installe, et ils en profitent.
Changer de système pas le climat !
En cette période de grand-messe verte, on voit même ces grandes entreprises pollueuses s’emballer dans leurs déclarations. Ainsi, Engie qui annonce l’arrêt des constructions de nouvelles centrales à charbon... mais qui justifie celles prévues en Mongolie et au Brésil au nom du respect des contrats signés. Ainsi, la BNP qui annonce augmenter ses investissements dans les renouvelables. Or, même en les doublant, ceux-ci passeraient à 12 milliards contre 52 milliards pour les énergies fossiles. Ainsi, Suez Environnement, la mal nommée, qui participe au lobby pro-gaz de schiste.Selon l’ONG Carbon Tracker, plus de 1000 milliards de dollars sont engagés dans des projets fossiles… qui ne rapporteront pas un sou si les gouvernements devaient respecter leurs maigres engagements de réduction d’émission de GES. Pas question de renoncer à ces investissements juteux. Ça tombe bien, la COP21 n’en a pas l’intention !Quant au nucléaire, le travail des lobbys a semble-t-il bien fonctionné puisqu’il n’est à aucun moment signifié qu’il faut mettre fin à cette source de production d’électricité mortifère. On comprend mieux la déclaration piteuse mais lucide de Fabius...D’où l’impérative nécessité de réussir les mobilisations, d’être nombreux à Paris le 12 décembre et de poursuivre activement la lutte pour le climat. Nous n’obtiendrons que ce que nous arracherons. Ne comptons que sur nos forces pour changer de système pas le climat !
Commission nationale écologie