Nos factures de gaz et d’électricité vont augmenter de 15 % au début de l’année 2023. La Première ministre agite la menace de coupures de courant cet hiver. Retour sur les annonces d’Élisabeth Borne concernant la crise énergétique.
Les menaces du gouvernement font écho aux appels à la sobriété de Macron : « Dans les scénarios les plus probables, si chacun prend ses responsabilités et fait preuve de la sobriété nécessaire, il n’y aura pas de coupure ». Ce que nuance le responsable de RTE (le distributeur gestionnaire du réseau de transport d’électricité) qui estime que « le risque de tension » sur le réseau électrique cet hiver est « accru », pouvant aller « jusqu’à 15 % de coupures dans les situations météorologiques les plus extrêmes ».
Aucune mesure sérieuse, l’argent public ponctionné
Aucune annonce ne concerne la taxation des profits des compagnies énergétiques qui ont accumulé des bénéfices colossaux. Plutôt que de taper dans le portefeuille des actionnaires, le budget public (nos impôts) finance le « bouclier tarifaire ». En 2023, il devrait coûter 16 milliards d’euros, a précisé le ministre de l’Économie, alors que TotalEnergies et le gazier Engie, ont doublé leurs profits au premier semestre 2022 par rapport au premier semestre 2021 ; le seul TotalEnergies a annoncé avoir engrangé un bénéfice net de 10,4 milliards d’euros au premier semestre 2022…
Rien non plus sur l’arrêt des grands projets inutiles et imposés, sur l’interdiction des productions superflues, publicité, voitures, avions et bateaux de luxe, sur la réduction radicale d’activités énergivores, armement, aéronautique, automobiles.
Des chèques « exceptionnels » de 100 à 200 euros seront distribués aux ménages « les plus modestes », une aumône qui ne remplacera pas une véritable augmentation de salaire pour toutes et tous. Ces chèques n’empêcheront pas les plus précaires d’être obligéEs de choisir, manger ou se chauffer…
Prendre le mal à la racine
L’austérité énergétique ne tombe pas du ciel ; elle est directement liée aux errements du capitalisme qui, loin de prendre au sérieux les menaces environnementales, a continué à investir lourdement dans les énergies fossiles et a refusé toute mesure efficace d’économie d’énergie. Dans le contexte de la guerre d’Ukraine, le « libre » marché a fait le reste, spéculation financière, super-profits, toutes les dérives du marché se combinent pour que les prix de l’énergie s’envolent et que les pénuries s’aggravent en Europe, en Grande-Bretagne et ailleurs dans le monde. Ce n’est pas le passage aux énergies renouvelables mais l’extrême lenteur de la transition qui explique la crise énergétique.
Face aux menaces sur nos conditions de vie, le blocage du prix de l’énergie, la hausse des salaires, la taxation des profits sont des mesures urgentes et nécessaires.
Mais elles ne suffisent pas ! Aux désastres énergétiques, au laisser-faire des marchés, il faut opposer l’alternative d’une prise de décision collective et démocratique sur les besoins à satisfaire et sur les moyens de les satisfaire. La socialisation de l’énergie – gestion collective de la production et de la distribution – est une condition pour la révolution énergétique, sociale et écologique indispensable à la sauvegarde du climat et de nos vies.