Publié le Mardi 21 octobre 2014 à 08h00.

Gardanne (13) : « E.ON, piège à cons »

C’est la banderole la plus explicite parmi toutes celles brandies devant la mairie de Gardanne, dimanche 5 octobre au matin, par les opposantEs à la centrale à biomasse de la multinationale allemande de l’énergie.

Le piège est dans ce mot magique « biomasse ». Un piège pour les naïfs, qui rêvent de transition énergétique sans s’interroger sur le contenu. Et un piège à subventions publiques... Car si le projet est écologiquement désastreux, il ne serait pas économiquement viable, sans les mirifiques subventions dont E.ON est gourmand.La centrale thermique de Gardanne était autrefois nationalisée, elle brûlait du charbon de la mine de Gardanne. Aujourd’hui, les mines sont fermées, et la centrale privatisée est tombée dans les mains d’un prédateur dont le PDG déclarait récemment : « Nous ne sommes pas là pour changer le monde, encore moins pour la transition énergétique, uniquement pour les actionnaires » !Ce patron de choc, qui a supprimé 20 000 emplois dans le monde ces 10 dernières années, a commencé par agiter la menace de la fermeture, avant de proposer de brûler du bois et des déchets pour produire de l’électricité.

Un non-sens écologiqueBrûler du bois pour produire de l’électricité n’a de sens que pour des petites unités, situées près de la ressource et pratiquant la cogénération. 55 chaufferies locales existent déjà dans la zone Luberon-Lure. Elles consomment 6 000 tonnes de bois par an.La centrale d’E.ON devrait brûler 850 000 tonnes de biomasse, 90 000 tonnes de bois industriel pollué et 135 000 tonnes de charbon, sans cogénération, avec un rendement énergétique de 30 %. Elle pillerait les forêts sur un rayon de 400 km, se fournirait du Canada au Brésil, aggraverait la pollution atmosphérique et lancerait quotidiennement sur les routes plus de 700 camions.La liste des associations, et collectivités, qui s’opposent au projet est impressionnante, dont le Conseil régional Paca et le syndicat CGT de l’Office national des forêts. Curieusement, E.ON a le soutien de l’État. Cherchez l’erreur...

Jean-Louis Marchetti