Être femme et ministre de l'Écologie ne porte décidément pas chance ! Nicole Bricq d'abord, Delphine Batho ensuite, deux ministres de l'Écologie ont été débarquées en à peine un an de gouvernement PS – EELV. On se souvient que la première avait été, dès juin 2012, mutée au Commerce extérieur, après avoir tenté de remettre en cause les forages de Shell en Guyane.La deuxième est officiellement virée pour avoir failli à la solidarité gouvernementale en critiquant la réduction de 7 % des crédits de son ministère et la suppression de 1093 emplois dans son périmètre. La langue de bois gouvernementale a du mal à dissimuler les raisons réelles du limogeage qui survient 10 jours après que la ministre a rejeté le permis d’exploitation de gaz de schiste de Brive, au moment même où l’Agence de sûreté nucléaire accorde le droit à EdF de prolonger la vie des centrales nucléaires à 60 ans.L'action de Delphine Batho au gouvernement n'a brillé ni par sa radicalité ni par son efficacité. Cependant on ne peut que constater que les procès en incompétence et en manque de visibilité sont toujours plus sévères quand ils concernent une femme ! Et surtout ces critiques font l'impasse sur le fait que c'est toute la politique du gouvernement qui n'est ni écologique ni sociale.
Le choix des intérêts capitalistesDepuis sa « démission », Batho accuse le gouvernement d'avoir cédé à « certaines forces économiques qui n'acceptaient pas le niveau d'ambition [qu'elle fixait] pour la transition énergétique ». Elle dénonce : « Ces forces ne se sont pas cachées de vouloir ma tête, mais si le gouvernement avait été solidaire, elles n'y seraient pas parvenues ». Son « niveau d'ambition pour la transition énergétique » est ridiculement et dramatiquement bas, mais pour les capitalistes, peu c'est déjà trop. La lucidité de l'ex-ministre est tardive mais elle n'a pas tort quand elle affirme : « C'est sur l'écologie que se concentre l'affrontement avec le monde de la finance. Les forces opposées au changement sont puissantes. »Sur la question du nucléaire, l'engagement du candidat Hollande était déjà une escroquerie. Il prétendait réduire à 50 % en 2025 - contre 75 % actuellement – la part du nucléaire dans la production électrique, alors qu'il ne prévoyait que la fermeture de Fessenheim et la création de l'EPR à Flamanville, ce qui représente -0,8 % et non -25 %. C'était avant qu'il ne soit élu ! Depuis, le PDG d'EdF, Henri Proglio, met tout en œuvre pour renvoyer la fermeture de Fessenheim aux calendes grecques avec la complicité de l'État actionnaire à 85 %.Sur les gaz de schiste, le patronat du pétrole, mais aussi par exemple Philippe Crouzet, dirigeant de Vallourec (leader mondial des tubes utilisés pour les forages pétroliers) redoublent de pression pour rouvrir le débat et revenir sur la loi Jacob du 13 juillet 2011 interdisant la fracturation hydraulique. Face à leur offensive pour obtenir le droit d'explorer notre sous-sol, prétendument pour évaluer les réserves, la ministre a publié une circulaire le 21 septembre 2012 qui encadre plus strictement la loi. « Excès de zèle ! » s'écrient les patrons qui considèrent toute velléité même timide de ne pas trop accélérer la course à la catastrophe climatique comme une entrave insupportable à leur pouvoir absolu.Oui ! L'écologie concentre l'affrontement avec le monde de la finance. L’indispensable transition énergétique est inconciliable avec les intérêts des puissants groupes capitalistes du secteur. Et quand il faut choisir, le gouvernement Hollande-Ayrault penche toujours du même côté...
CorrespondantEs commission nationale écologie